Un maître du roman d'espionnage apparaît dans l'affaire Karachi
C'est là qu'on rejoint l'affaire Karachi et cet attentat qui a tué onze employés de la DCN, la direction des constructions navales, au Pakistan, le 8 mai 2002. Ces hommes participaient à la construction des sous-marins Agosta. Ils exécutaient un contrat conclu en 1994 entre Islamabad et le gouvernement d'Edouard Balladur.
Sur le site Mediapart, Fabrice Arfi révèle, qu'à l'époque de l'attentat, Percy Kemp travaillait pour la DCN. En deux ans, il aurait touché 415.000 euros pour des prestations de renseignement, notamment sur l'attentat de Karachi.
Il y a quelques mois, les enquêteurs ont découvert un rapport bien caché, dans un coffre-fort, au siège de la DCN. Dans ce document, rédigé en octobre 2002, Percy Kemp essaie d'expliquer l'attentat et il met en cause les services secrets pakistanais. C'est la piste d'une vengeance liée à des commissions : l'attentat aurait été une punition contre la France quand elle a cessé de verser des commissions occultes. Cette thèse est connue, elle apparaît dans un autre document, le rapport Nautilus . Pour l'instant, ce mobile financier n'a jamais été prouvé, mais le juge d'instruction Marc Trevidic le prend au sérieux et il continue d'explorer cette piste.
Percy Kemp, lui, prend ses distances avec le rapport qu'il a écrit en 2002. Fabrice Arfi l'interroge dans Mediapart. L'écrivain répond qu'il faut "minimiser ses compétences sur le Pakistan". "Il ne faut pas prendre au pied de la lettre ce que j'ai écrit", dit-il aujourd'hui. "A l'époque, tout le monde pensait qu'il s'agissait d'une vengeance. Mais vous savez bien qu'entre la vérité et la logique, il y a tout un monde". Où finit le travail de renseignement ? Où commence celui du romancier ? Percy Kemp est évasif. En 2005, dans une interview, il expliquait pourtant qu'entre l'espion et l'écrivain, "il y a une très forte ressemblance".
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