"Stop Kony 2012" : le succès planétaire d'une vidéo controversée
Pendant près de 20 ans, cet homme, baptisé "le messie sanglant" a semé la terreur en Ouganda. A la tête de l'Armée de libération du seigneur, la LRA, il a enlevé des milliers d'enfants dans les villages. Ses partisans ont transformé les filles en esclaves sexuelles et les garçons en enfants-soldats. Kony a fait des ravages. La Cour pénale internationale cherche à l'appréhender. Elle n'y arrive pas. Kony se serait réfugié à l'étranger, en Centrafrique ou en République démocratique du Congo.
La vidéo ne fait pas dans la nuance. Elle utilise des ralentis, une musique dramatique et surtout elle montre la détresse des victimes. Ajoutez le soutien de quelques personnalités : Angelina Jolie, George Clooney ou encore Justin Bieber. La cause est entendue. Il faut arrêter Joseph Kony, maintenant ; c'est une priorité.
Pourtant, des voix s'élèvent pour dénoncer l'initiative de l'ONG américaine.
D'abord, des voix en Ouganda. Des habitants s'étonnent. Pourquoi se préoccuper maintenant de ce criminel ? Le chef de guerre a été chassé il y a six ans. Aujourd'hui, ses troupes sont faméliques, pas plus de 300 hommes. L'urgence est peut-être ailleurs ; par exemple dans le soutien aux réfugiés : ils sont près de deux millions.
Ensuite, les méthodes de l'association sont mises en cause. Invisible Children est accusé de gagner de l'argent sans vergogne. Sur son site, vous pouvez acheter le kit Joseph Kony. Pour 23 euros, vous recevrez un tee-shirt, un guide, des stickers et un bracelet. Ca marche tellement bien que le kit est épuisé. Mais vous pouvez encore obtenir le bracelet anti-Kony pour un prix plus modique : 7 euros 60. Un site internet qui évalue les associations caritatives critique également le manque de transparence de l'ONG, et s'interroge sur ses objectifs.
Dans le monde, les crimes de Joseph Kony ont bouleversé des millions d'internautes. Mais en Ouganda, finalement, la vidéo a touché peu de gens. Dans ce pays, seul un habitant sur dix a accès à internet.
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