Pierre Borghi, évadé d'Afghanistan : "J'ai fait une blague aux talibans"
Pierre Borghi s'est enfui
juste avant d'être exécuté. Ce matin, dans Le Figaro,
Pierre Borghi raconte comment il s'est sauvé. Il avait déjà donné quelques
détails, il y a deux jours, dans Le Parisien. Le jeune photographe a échappé au
pire.
Dès son enlèvement, ça
aurait pu mal tourner. Nous sommes le 12 novembre dernier, à Kaboul. Pierre
Borghi vient de diner au restaurant, avec un ami afghan. Une voiture s'arrête
devant lui. Quatre hommes l'embarquent. Le jeune Français commence sa vie
d'otage.
Il a 29 ans. Il a travaillé
dans l'humanitaire. Il a de l'expérience. Pourtant, il va de surprise en
surprise. Ses ravisseurs l'emmènent dans une maison, puis dans une grange. Dans
le sol, ils ont creusé un trou, avec une trappe en bois. Pierre Borghi y est
enfermé. Dans Le Figaro, dans l'article de Maeva Bambuck, il raconte qu'il est
alors coincé : "je ne pouvais pas m'asseoir, je ne pouvais pas m'étendre,
il n'y avait pas de lumière, pas de chauffage..." Le photographe ne peut
sortir ni pour se laver, ni pour se soulager. Ses chevilles et ses poignets
sont attachés à une chaîne. Ses repas sont limités : chaque jour, une assiette
de riz, accompagnée d'un morceau de pain, et une Thermos remplie de thé. Le
photographe essaie de comprendre ce qui motive ses ravisseurs : qui sont-ils ?
Veulent-ils une rançon ? Pourquoi l'ont-ils capturé lui, plutôt qu'un autre ?
Où en sont les négociations avec les autorités françaises ? Beaucoup de
questions restent sans réponse.
Parfois, l'otage réussit à
détacher une partie de ses chaînes. Quand ses gardiens ont fini leur ronde, il
sort du trou. Toujours dans le noir, il explore la grange. Et il réfléchit à ce
projet qui devient une obsession : il va essayer de s'enfuir. Et puis un soir,
les ravisseurs entrent dans la grange. Ils expliquent au Français que les
négociations sont bloquées et qu'ils vont donc l'exécuter. Pierre Borghi n'a
plus le choix. Il va tenter le tout pour le tout. Quand il est seul, il
s'échappe de son trou. Il réussit à se hisser à travers une fenêtre. Comme il a
perdu douze kilos, il parvient tout juste à se faufiler. Ca y est, il est
dehors. Il marche sans se retourner, pendant huit ou neuf heures. Malgré la
chaîne et le cadenas qu'il n'a pas pu détacher, il avance. Soudain, dans la
nuit, il aperçoit une lumière : une base de la police afghane. Le Français est
libre. Il a passé 131 jours en captivité.
Aujourd'hui, Pierre Borghi
est rentré chez lui, en Isère, à Allevard-les-Bains. Dans Le Figaro, dans
l'article de Maeva Bambuck, il confie sa fierté : "Il n'y a pas eu de
rançon. C'est mon initiative qui m'a libéré (...) J'ai fait une bonne blague
aux talibans".
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