Pavel Galitsky, 101 ans, dernier survivant du goulag
Il est né en 1911, quand le tsar Nicolas II régnait encore sur la Russie. Pavel Galitsky se souvient de tout : la révolution de 1917, Lénine, Staline, la guerre, l'empire soviétique, sa chute. Il se rappelle surtout les quinze années qu'il a passées dans un camp de Sibérie, à 6000 kilomètres de Moscou.
Dans l'Express, vous verrez la photo du centenaire. Les épaules carrées, le regard perçant, Pavel Galitsky raconte au journaliste Axel Gylden la première scène qui l'a bouleversé. Nous sommes en 1921. Les bolchéviques viennent arrêter le père de Pavel, un prêtre orthodoxe. L'homme disparaît à tout jamais.
L'enfant entre aux Jeunesses communistes. Adolescent, il devient forgeron dans une usine de Leningrad. Puis, plus tard, chef d'équipe. Jusqu'à ce jour de 1937 où il est arrêté, à son tour, et accusé de propagande "contre-révolutionnaire". Il subit le supplice de la toupie ; il est attaché sur une chaise à roulettes ; ses interrogateurs la font tourner pendant des heures. Puis Pavel Galitsky est condamné à la déportation.
En 1938, il découvre le goulag de la Kolyma. Cette colonie pénitentiaire est proche du cercle polaire, au bout de l'URSS. Les détenus dorment dans des tentes en toile. La température descend à -67 degrés. En septembre, les condamnés sont 1500. Trois mois après, ils ne sont plus que 450.
Les détenus se méfient les uns des autres. La faim est une obsession. Dans l'Express, Pavel Galistky raconte qu'un jour, devant lui, un ouvrier obtient un bocal de bouillie. Mais un rat trempe au milieu de la soupe. L'ouvrier retire le rat, et il boit la bouillie, goulûment.
Dans le civil, Galitsky était contremaître. Au goulag, il est nommé responsable de trois mines d'or. Il se rend utile. C'est ainsi qu'il survit. Après la guerre, les conditions de détention s'assouplissent. Mais c'est seulement en 1953, à la mort de Staline, que le prisonnier est libéré. Il devient sous-directeur d'une usine de béton, près de Moscou. Puis il termine sa carrière comme balayeur, à l'Académie des sciences de Leningrad, qui deviendra bientôt Saint-Petersbourg.
Ne cherchez pas la logique. Il n'y en a pas. Juste un destin. Et un homme qui à 101 ans surfe sur internet. Il utilise le logiciel Skype pour parler avec son arrière-petite-fille, installée aux Philippines. Il a survécu à tout, mais il se sent seul. Il dit qu'il attend la mort.
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