Julien Lescarret, matador, adepte d'une corrida "moderne"
Depuis dix ans, Julien Lescarret enflamme les arènes. Mais sa passion est beaucoup plus ancienne. Le matador se confie à Imanol Corcostegui, pour le site Rue89 . Il raconte son enfance. Petit, en Gironde, il joue déjà avec des vachettes, dans les fêtes de village. Puis il transforme son vélo en "carreton" , en taureau de métal. Il apprend à manier la cape, sans bouger les pieds. Il fréquente d'anciens matadors. Et naturellement, presque sans y penser, il devient professionnel.
Il s'entraîne, deux heures par jour, souvent seul encore, la cape à la main, face à un taureau imaginaire. Dans son milieu, il devient connu. Il enchaîne les corridas, une dizaine par an, et il apprend aussi l'économie de la tauromachie : le matador doit faire vivre l'équipe qui l'entoure, la "cuadrilla" , les toreros. Huit hommes, au total.
Julien Lescarret est intermittent du spectacle. Il ne roule pas sur l'or. Sur le site Rue89 , il explique que quand il est blessé, il ne gagne rien. Sauf s'il est en Espagne. En 2005, un coup de corne lui transperce le mollet. Par chance, à l'époque, il vit de l'autre côté des Pyrénées. Chez les Espagnols, "matador" est un vrai métier. On considère que le Français est victime d'un accident du travail ; on l'indemnise.
Lescarret veut être un matador moderne. Il souhaite que la corrida évolue, qu'elle devienne un spectacle complet, avec des sons, des lumières, pourquoi pas des feux d'artifice. Il propose aussi que les tarifs soient modulés, que les spectateurs paient leur place moins cher.
Et si la corrida avait été interdite ? Pour Julien ça n'aurait rien changé il vient de prendre sa retraite. Mais il aurait été navré. Car selon lui, "la corrida est l'exemple de ce qu'on est en train de perdre dans notre société : la liberté, la vie, le rapport à la mort (...) Un type qui, au XXIème siècle, joue sa peau et donne à un animal de consommation le droit de pouvoir le tuer".
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