Herbert Nitsch, en apnée à 250 mètres de profondeur
La scène se déroule la semaine dernière, au large de Santorin, en Grèce. Sur un bateau, plusieurs hommes attendent. Ils entourent Herbert Nitsch. Dans quelques minutes, l'Autrichien va plonger. A 42 ans, il va tenter de battre un nouveau record du monde, en apnée. Dans Paris Match , Francine Kreiss décrit chaque étape. Nitsch enfile sa combinaison de néoprène. Il descend lentement dans l'eau, le long d'une corde. Il souffle, respire, ventile. Il prépare son diaphragme. Il a inventé un système : une paille reliée à une bouteille en plastique vide. Il y stocke l'air de ses poumons. Il va puiser dedans tout au long de sa descente. Autre accessoire : la "gueuse" jaune qui va le propulser. Il s'y attache. Ce petit ascenseur va l'accompagner vers les abysses.
Ca y est. La descente peut commencer. Herbert Nitsch disparaît. Sur le pont, tout le monde est concentré. Au bout de cinq minutes, enfin, la grande silhouette de l'Autrichien réapparaît, sous la surface de la mer. L'homme fait signe. Il a besoin d'un masque, là, tout de suite. Avant de retrouver l'air libre, il doit respirer de l'oxygène, assurer sa décompression.
Le plongeur est sonné. Dans Paris Match , Francine Kreiss le décrit épuisé, hagard, les traits tirés par la fatigue. Nitsch remonte sur le bateau, incapable de raconter ce qu'il a vu et ce qu'il a senti. L'ordinateur de plongée parle à sa place. L'écran affiche 249 mètres et 60 centimètres. Près de 250 mètres. L'homme revient d'un autre monde. Son équipe s'inquiète. Aussitôt, elle l'envoie à Athènes, à l'hôpital, dans une chambre hyperbare.
Aujourd'hui, Herbert Nitsch va mieux. Il est sorti de l'unité de soins intensifs. Il pense à son parcours, depuis près de quinze ans. Sa découverte de l'apnée, par hasard, en 1999. Il devait plonger avec des bouteilles en Egypte. Il a perdu son équipement. Alors il a essayé de descendre sans matériel. Il y a pris goût. Depuis, il a battu 31 records. Une obsession. Une folie. Surtout dans cette discipline, ce qu'on appelle "le no limit". Comme dans le film "Le Grand Bleu" , Herbert Nitsch voudrait aller plus loin, plus bas. Jusqu'à 300 mètres de profondeur. Mentalement, il est prêt. Personne ne sait si le corps humain peut résister à un tel choc.
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