Georges Ibrahim Abdallah espère être libéré, après 28 ans de détention
Si vous êtes très jeune, son nom ne vous dit rien. Pourtant Georges Ibrahim Abdallah a marqué les années 1980. Son affaire rappelle toute une époque : celle des assassinats liés à la situation au Proche-Orient. En 1982, la guerre du Liban fait rage. Les représentants d'Israël et des Etats-Unis deviennent des cibles. Des assassinats ont lieu dans plusieurs pays, y compris en France. Cette année-là, deux diplomates étrangers sont tués à Paris. L'Américain Charles Robert Ray est attaché militaire adjoint à l'ambassade des Etats-Unis. Yacov Barsimentov, l'autre victime, est conseiller, lui, à l'ambassade d'Israël.
Quelques mois plus tard, Georges Ibrahim Abdallah est arrêté. Ce militant dirige les Fractions armées révolutionnaires libanaises. Il est engagé auprès des Palestiniens du FPLP. En 1987, il est condamné - à perpétuité - pour complicité dans l'affaire des meurtres des deux diplomates.
Les Etats-Unis opposés à sa libération
Depuis, il est un
symbole. Pour beaucoup, et pour les juges qui l'ont condamné, il
incarne, avec d'autres, le terrorisme des années 1980. Pour ses
défenseurs, au contraire, Georges Ibrahim Abdallah subit une répression
politique. Si l'affaire a tant d'importance, c'est qu'elle est aussi un
enjeu diplomatique. Depuis 1999, depuis que le Libanais est susceptible
d'être libéré, les Etats-Unis s'y opposent de toutes leurs
forces. L'ambassadeur américain à Paris, Charles Rivkin, souligne que le
condamné "n'a jamais exprimé de remords ".
Au contraire,
l'avocat du Libanais, Jacques Vergès, affirme que son client est un "detenu
modèle " et qu'il ne fait pas de "prosélytisme ". Les
magistrats, eux, balancent entre ces deux positions. En 2003, Abdallah a
failli être libéré. Aujourd'hui, le tribunal d'application des peines y
est à nouveau favorable. Le parquet, en revanche, s'y oppose.
Le Liban prêt à accueillir Georges Ibrahim Abdallah
Georges
Ibrahim Abdallah connaîtra son sort tout à l'heure. Il est détenu à la
prison de Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénées. Ses amis le soutiennent,
et pas seulement eux. Yves Bonnet, l'ancien directeur de la DST,
souhaite sa libération. Dans Marianne,
il y a quelques mois, il déclarait : "Les actes d'Abdallah étaient
des actes de résistance. Il est plus mal traité qu'un sérial killer
alors qu'il a commis des actes politiques ". Alain Marsaud, l'ancien
juge anti-terroriste, est sur la même ligne : "Abdallah ,
dit-il, est resté en prison plus longtemps que les gens d'Action
directe. Ce n'est pas une figure majeure du terrorisme. Même à l'époque
de ses crimes, ce n'était qu'un maillon manipulé par les Syriens ".
Le
Liban se dit prêt à accueillir Georges Ibrahim Abdallah. L'homme a
maintenant 61 ans. Il a passé la moitié de sa vie derrière les barreaux.
Pour Beyrouth, c'est une question "humanitaire".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.