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L'expérience Vendée Globe : Jour 58

Seize micros embarqués à bord de "LinkedOut", le bateau de Thomas Ruyant. Une installation de l'artiste Molécule qui offre une première mondiale : raconter le tour du monde à voile par l'audio. À vivre tous les jours de la course sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo - Eric Valmir
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Thomas Ruyant sur Linkedout, les côtes de la Patagonie en toile de fond (Thomas Ruyant / Linkedout)

Latitude 48°07' Sud au nord des îles Malouines. La température de l'air est de 14 degrés, il fait 15 dans l'eau. Le vent est secteur nord nord-ouest à 9 noeuds et la mer est calme

Sur la photo, en arrière-plan, la Patagonie se dessine. Dans le carnet de bord sonore du jour, on entend les hallucinations auditives de Thomas Ruyant. Le skipper récupère avec un sommeil moins fractionné, de vraies tranches de sieste où les bruits révolus des jours passés s’entendent encore dans un cycle de somnolence.  

Le Cap Horn franchi, l’enfer des mers du sud relégué derrière, le corps se relâche. Dans ce jour 58, Thomas Ruyant inspecte son bateau :

"J'ai eu une super journée après le passage du cap dans le détroit de Lemaire, à l'intérieur de l'île des Etats et dans l'ouest des Falklands. J'ai vu des cargos, une mer de couleur différente, du soleil. Hier, j’en ai beaucoup profité pour faire un gros contrôle de tout le bateau, quelques petites réparations. On sent qu'on a basculé dans un monde différent. J'avais l’impression d’être dans un monde parallèle jusqu’au Horn. » Le monocoque doit être maintenu à flots, mais le marin aussi. " La régate dans l’Indien et le Pacifique a été intense, j’ai eu la sensation de gérer des soucis techniques et de courir après quelques chose suite après la voie d’eau ouverte dans le bateau. J'ai sans cesse essayé de raccrocher le wagon du leader sans y arriver. Maintenant, la régate est intense, c’est aussi ça qu'on est venu chercher sur ce Vendée Globe."

Je suis content d'avoir franchi mes obstacles et de remonter vers la maison.

Thomas Ruyant

à franceinfo

Le temps de récupération passé, l’anticyclone qui descend sud-est à partir de l'Argentine est certes redouté par les compétiteurs mais offre aussi répit et contemplation avec la chaîne de montagnes qui se dessine à l’horizon. Sous une nuit étoilée, LinkedOut filait à 16 nœuds au lever du jour ce mercredi 6 janvier.

"Les conditions sont agréables. Ça change ! On arrive sur les horaires qui ne sont pas encore ceux de l’Europe, mais là, les nuits sont plus longues. On sent qu’on remonte dans le Nord ! On est en bordure d’anticyclone, je suis sur un bord de reaching un peu ouvert avec une mer plate, des étoiles et c’est sympa. Ça fait du bien de naviguer sur une mer qui n’est pas croisée où on peut aller vite assez facilement. Le ralentissement a eu lieu hier, maintenant plus ça va, plus j’aurais du vent. Je suis en bâbord amures donc du bon côté pour moi. Je n’aurais pas le ralentissement qu’ont Charlie Dalin et Yannick Bestaven en ce moment."

Mais la partie d’échec est loin d’être finie

"Les prévisions bougent pas mal. Il y a tellement de choix de route différents, il y a un peu de jeu. J’ai une route à l’écart, mais je suis plutôt content, ce n'est pas si mal. Après le passage du cap Horn, il y avait deux choix de route possibles. Une route plus directe vers le Nord avec un angle plus fermé, ou une route plus à l'est avec quelques empannages à placer pour se rapprocher de l’anticyclone. Je ne sentais pas trop la route est, vu ma position. Les deux choix de route se valent, je suis un peu joueur de temps en temps, et je suis en mode chasseur. Des occasions et des choix d’options, il n'y en aura plus beaucoup après. C'est une route finalement assez peu risquée qui me permettait de faire quelque chose de différent pour essayer de recoller. Il se passe beaucoup de choses en Atlantique Sud : les dépressions qui se forment dans l’Indien, des bulles anticycloniques, ce n'est pas fluide, mais ça ouvre le jeu sur cette remontée. Après, quand nous serons dans les alizés de sud-est puis de nord-est, les alternatives seront rares."

En clair, si des coups sont à tenter, c’est maintenant. Mais la route n’est pas simple.

L'Expérience Vendée Globe

Voix et Son : Molécule

Mixage : Etienne Colin @Radio France

Rédaction en Chef : Eric Valmir      

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