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L'expérience Vendée Globe : Jour 57

Seize micros embarqués à bord de "LinkedOut", le bateau de Thomas Ruyant. Une installation de l'artiste Molécule qui offre une première mondiale : raconter le tour du monde à voile par l'audio. À vivre tous les jours de la course sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo - Eric Valmir
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le skippeur français Thomas Ruyant, à bord de "LinkedOut". (THOMAS RUYANT / LINKEDOUT)

Latitude 52°32' Sud à l'ouest des iles Falkland. Température de l’air 12 degrés, autant dans l’eau. Ça se réchauffe. Le vent secteur nord-ouest mollissant et la mer forme des creux de deux mètres.

Le détroit de Le Maire, long d’une trentaine de kilomètres, sépare les îles Falkland de la terre de feu argentine. Le vent du Cap Horn qui soufflait à plus de 30 nœuds a diminué de moitié, le soleil s’est levé et la mer s’est calmée. Le monde parallèle du grand sud est bien derrière. Et on l’entend dans le carnet de bord sonore du jour, le bateau a souffert, le dispositif technique aussi, les micros attaqués par les déferlantes, le vent, l’eau, le sel.

"J'avais oublié ce qu'était une mer plate ! Je revis ! C'est un truc de fou, tant la transition est brutale. Il y a quelques heures encore, j'avais une mer creusée, des rafales à 45 nœuds, dans le froid et l'humidité. Ça "caille" encore mais le soleil est de sortie, explique Thomas Ruyant. J’ai vu la Patagonie et le bateau glisse sans douleur. Je suis fatigué, mais je suis moralement complètement reboosté par ce sentiment de faire désormais route vers la maison. Les mers du Sud ne se sont pas montrées très sympas. Les moments de plaisir et de contemplation ont été rares. Je n'ai pas trouvé la longue et belle houle que j'avais entrevue il y a quatre ans. Il y a eu quelques phases rapides mais elles n'ont pas duré. On a trop souvent été dans la difficulté de systèmes météos peu favorables, sur une mer trop désordonnée pour vraiment glisser. Le Sud n'a pas été propice à la grande vitesse. C'est une petite frustration." 

Il y a eu des moments magiques, mais peu de plaisir. La régate, le défi de survivre à ces mers me laissent un vrai sentiment de satisfaction cependant. Troisième au Horn, mon premier Horn. C’est énorme, même si les poursuivants poussent fort derrière !

Thomas Ruyant

Derrière, en moins de douze heure cette nuit, six skippers ont passé le Cap Horn, onze en 48 heures. Un record dans l’histoire du Vendée Globe, le gardien du phare n’a pas dû s’ennuyer. En tête de flotte, une nouvelle fois l’heure est à la stratégie. D’autant que les prévisions météos sont changeantes et qu’un anticyclone puissant est à contourner. Dans le quator de tête, seul Thomas Ruyant choisit une option différente des trois autres. Parti plein nord, LinkedOut vise à contourner les hautes pressions par l’ouest. La science exacte n’existe plus. C’est à l’instinct. Du pur instinct. Les effets sur le classement se mesurent au long terme. Ce n’est pas encore la dernière ligne droite. Mais quelle ténacité chez Thomas avec un bateau toujours privé d’un foil !

L’Expérience Vendée Globe

Voix et Son : Molécule

Mixage : Djaïsan Taouss @Radio France

Rédaction en Chef : Eric Valmir

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