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Zakia Khudadadi sera la première femme afghane à participer à des Jeux paralympiques

Elle est arrivée à Tokyo samedi dernier après un périple de plusieurs jours pour fuir l’Afghanistan et le chaos de Kaboul. L’athlète de 22 ans concourra dans la nuit de mercredi 1er septembre à jeudi en para-taekwondo, catégorie -49kg.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, l'athlète afghane Zakia Khudadadi interpelle la communauté internationale. (CAPTURE D'ÉCRAN YOUTUBE)

C’est ce qui s’appelle réaliser un exploit, et ce avant même de concourir aux Jeux. Zakia Khudadadi, 22 ans, vient d’arriver à Tokyo après un périple de plusieurs milliers de kilomètres pour fuir son pays, l’Afghanistan, tombé aux mains de ceux qui ne voulaient pas qu’elle sorte de chez elle, les talibans.

Elle est née en 1998, sous le premier régime extrémiste, dans la province de Hérat, dans le nord du pays. Et sa vocation sportive naît en regardant la télé : à 10 ans, elle voit un Afghan recevoir pour la première fois de l’histoire une médaille olympique. C’était en 2008, aux JO de Pékin. Il s’appelle Rohullah Nikpai et fait du taekwondo. Dans cet art martial, c’est le coup de pied qui compte et Zakia, qui est née avec un bras atrophié, y voit la possibilité d’un épanouissement, d’une émancipation face aux préjugés.

J'étais déterminée à pratiquer le taekwondo, et la chance que j'ai eue, c'est que mes parents m'ont soutenue.

Zakia Khudadadi, athlète paralympique Afghane

au site paralympics.org

Sans infrastructure disponible, elle s’entraîne dans la cour de sa maison, encouragée par ses parents, et elle apprend vite. En quelques années, elle enchaîne les compétitions jusqu’à se qualifier pour les Jeux paralympiques. Mais la politique s’est invitée dans l’histoire. Alors qu’elle devait s’envoler pour Tokyo, les talibans s’emparent de la capitale, le 15 tout s’arrête, le 16 son vol est annulé, le 17 elle se retrouve confinée.

Elle décide donc de d’envoyer une vidéo à l’agence Reuters, un appel à l’aide : "athlète paralympique afghane, je suis actuellement cloîtrée dans cet appartement, je n’ai pas la possibilité de sortir, et les proches qui m’hébergent ici n’ont pas assez de nourriture pour nourrir leurs propres enfants, je vous demande donc de m’aider, de me tendre la main."
Rapidement, des associations, des sportifs, des Afghans expatriés se mobilisent, appellent ambassades et ministères et une opération d’exfiltration se met en place. Zakia file à l’aéroport de Kaboul, se perd parmi la masse de familles paniquées qui cherchent à fuir, et finalement, parvient à embarquer sur un vol d’évacuation, pour se retrouver à Paris, en France, où elle est hébergée par l’Insep, le centre de préparation des sportifs.

C’est miraculeux, inespéré, mais évidemment ce n’est pas là qu’elle se rêve. Son objectif, ce pour quoi elle se prépare depuis des années, c’est Tokyo. Les Jeux paralympiques ont déjà commencé, mais il n’est pas trop tard, alors Paris s’organise et la fait décoller pour le Japon. Samedi, elle a découvert le village olympique, les larmes aux yeux, et cette nuit, elle concourra en para-taekwondo catégorie moins de 49 kilos.

Elle ne sait pas si elle va gagner, encore moins où elle ira ensuite, mais elle est déjà la première Afghane à participer à des Jeux paralympiques. De quoi rappeler qu’il y a des forces que l’obscurantisme n’éteint pas, des volontés qui ne se brisent pas.

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