Walela Surui, 24 ans, attaque en justice le gouvernement du Brésil pour inaction climatique
La plainte a été déposée mardi au tribunal de Sao Paolo avec pour objectif de faire annuler un texte entré en vigueur en décembre qui permet au Brésil d’augmenter ses émissions de gaz à effets de serre.
C’est la première fois que le gouvernement brésilien est attaqué en justice pour la faiblesse de sa politique environnementale. Et celle qui mène l’action est aux premières loges pour observer le bouleversement climatique. Elle s’appelle Walelasoetxeige Paiter Bandeira Suruí, mais tout le monde la surnomme Walela. Elle est née au cœur de la forêt amazonienne, dans un petit village du Rondônia, il y a 24 ans, et avec cinq de ses amis, elle a déposé plainte mardi devant le tribunal de Sao Paolo contre le gouvernement brésilien pour non-respect de l’accord de Paris sur le climat.
La plainte est soutenue par huit anciens ministres de l’Ecologie. L’objectif est de faire annuler un texte, présenté en décembre, qui autorise le Brésil à émettre plus de gaz à effets de serre en 2030 que ce qu’il avait promis en 2015 : 1,6 milliards de tonnes, contre 1,2 initialement prévues, autrement dit 400 millions de tonnes supplémentaires. Ou comment rendre légale la pollution en déplaçant le curseur.
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Si Walela attaque en justice, c’est donc avant tout pour pousser le gouvernement à écrire un autre texte, plus ambitieux. "Nous ne voulons pas juste une punition ou une condamnation, dit-elle, ce que nous voulons, ce sont des actes concrets pour traiter l’urgence climatique." Et en matière d’action, elle n’en est pas à son coup d’essai : Walela Surui est l’une des fondatrices du mouvement écologiste Fridays for Future au Brésil, et elle a déjà organisé de nombreuses mobilisations contre la déforestation, contre l’exploitation minière sur ses terres autochtones, ou contre la pollution des rivières.
"On dit qu’on agit pour le futur, dit-elle au quotidien O Globo, mais en réalité, nous subissons déjà, au présent, à la fois les causes et les conséquences du changement climatique : la cause, c’est la déforestation, et les conséquences, c’est le réchauffement, le fait qu’il ne pleut plus quand il devrait pleuvoir, l’appauvrissement des sols, les récoltes de plus en plus mauvaises."
Quand l'épidémie de Covid-19 s'ajoute à l'urgence climatique
Elle explique qu’en septembre, lorsque des hommes sont venus juste à côté du village où elle est née, dans l’État du Rondônia, pour raser et brûler la forêt, on ne pouvait plus voir à deux mètres tant il y avait de fumée, et que les plus fragiles sont tombés malades… Tout ça en pleine épidémie de Covid. "Quand on voit ça et qu’en plus on est jeune, avec une vie devant soi, dit-elle, on se doit de demander justice." C’est ce qu’elle fait aujourd'hui en tant qu’activiste, et c’est ce qu’elle entend faire demain professionnellement, puisqu’elle a choisi d’étudier le droit pour devenir soit juge, soit avocate de l’environnement.
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