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Une soignante Kenyane, Anna Qabale Duba, reçoit le prix de la meilleure infirmière du monde

C’est une fondation médicale indienne qui organise pour la deuxième année consécutive cette remise de prix. 24 000 participants concouraient, neuf ont atteint la finale. Le 12 mai, c'est finalement Anna Qabale Duba qui a été désignée par le jury pour son travail en matière d’éducation sexuelle et de lutte contre l’excision.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Anna Qabale Duba, 31 ans reçoit le prix de la meilleure infirmière du monde sur le compte Twitter d'Africa Facts Zone. (CAPTURE D'ECRAN)

Elle vient de recevoir ce qu’on pourrait traduire par le "prix International du soin", le Global Nursing Award. Autrement dit, celui de l’infirmière la plus méritante remis par la fondation médicale indienne Aster DM. Anna Qabale Duba a 31 ans, et en plus de sa vocation d’infirmière, elle est récompensée pour son travail d’éducation sexuelle auprès d’adolescentes et de leurs parents et pour son parcours de battante.

Elle est née et a grandi à Torbi, un petit village reculé dans le nord du Kenya, dernière d’une famille polygame de 19 enfants. À 12 ans, elle a été excisée. À 14, elle s’est échappée du mariage forcée que ses parents avaient préparé pour elle. À 16, elle a décidé de devenir infirmière.

Après des études à la Kenya Methodist University, elle est devenue la première femme diplômée de son village. L’hôpital de Marsabit l’embauche, et là-bas, elle réalise que toutes les patientes ont subi la même chose qu’elle : une mutilation génitale suivie d’un mariage forcée en étant mineure. L’excision est interdite au Kenya, pourtant 91% des filles en sont toujours victimes. "Un fléau qu’il n’est pas facile d’aborder publiquement, alors je me suis dit, explique-t-elle à la BBC, que la meilleure façon de militer, de s’engager, c’était d’utiliser l’éducation."

Des cours sur le corps humains pour les adolescentes et pour leurs parents

Forte de son expérience à l’hôpital, elle a donc décidé de retourner dans son village et d’y ouvrir une école, où elle dispense des cours pour les filles le matin et pour leurs parents l’après-midi. Les mêmes cours, qui vont de l’apprentissage de la lecture à la connaissance du corps humain. Elle explique tout, aux mères et aux pères, la reproduction, les cycles menstruels, la transmission des maladies, le consentement aussi.

Anna Qabale Duba se bat pour prévenir plutôt que guérir, elle a créé son association pour inspirer d'autres villages, et c’est ce qui lui vaut cette récompense, accompagnée d’un prix de 250 000 dollars pour financer son école.

Les neuf autres finalistes, des soignants Afghans, Indiens, Australiens, Britanniques, ou encore Émiratis, ont reçus un prix de 5 000 dollars, pour mettre en lumière, explique la fondation Aster, ce métier trop souvent sous-valorisé. La fondation estime que 27 millions de femmes et d’hommes sont infirmières et infirmiers dans le monde, ce qui représente plus de la moitié des travailleurs de la santé, pour une paie qui ne s’élève en moyenne qu’à un dixième de celle des médecins.

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