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Un châtaignier de 160 ans nommé "arbre de l’année" en Belgique pour sa résistance exceptionnelle

C’est le plus vieil arbre de la ville flamande d’Ypres, 35 000 habitants et connue pour avoir été presque entièrement rasée pendant la Première Guerre mondiale. Un châtaignier qui a survécu à tout, guerre, tornade, tempête et sécheresses depuis 1860.

Article rédigé par franceinfo - Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un châtaignier de 160 ans a été nommé "arbre de l'année" en Belgique pour sa résistance exceptionnelle. Photo d'illustration de feuilles de châtaignier commun. (PHILIPPE CLEMENT / MAXPPP)

C’est un châtaignier de 20 mètres de haut, enraciné dans la ville flamande d’Ypres, et qui vient d’être désigné "arbre belge de 2020", remportant un prix de 2 500 euros, destinés à être dépensés pour son entretien. Et si cet arbre-là a été récompensé, ce n’est pas seulement pour son feuillage parfait, ni pour ses quatre troncs, non, c’est pour les épreuves qu’il a endurées, pour sa résistance, son instinct de survie intact depuis plus de 150 ans.

Parce qu’à Ypres, ce châtaignier est un monument historique vivant, qui a même son gardien attitré, Lieven Stubbe, 65 ans, responsable des paysages de la ville. C’est lui qui raconte, avec des mots emprunts de respect et d’admiration, l’histoire de cet arbre. Planté en 1860 pour la création d’un parc public, il a survécu à tout, à commencer par la Première Guerre mondiale et ses bombardements. Sur les photos de la ville en noir et blanc, on peut le voir, en 1919, étêté, à moitié fauché par un obus, tronc nu au milieu des ruines. Ypres a été littéralement rasée par l’aviation allemande, des dizaines de milliers d’hommes, femmes, enfants et soldats y sont morts. Mais lui a tenu. Les racines, intactes, ont alimenté le tronc carbonisé qui s’est divisé en quatre et, exploit biologique, il a repoussé.

Cet arbre, c’est bien plus qu’un tronc et des feuilles, c’est un symbole de vie, un organisme vivant complexe, avec une énorme structure racinaire souterraine que l’on oublie quand on passe devant, alors que c’est là qu’il a puisé sa force tout ce temps.

Lieven Stubbe, responsable des paysages à Ypres

The Guardian

Vingt ans plus tard, à la fin des années 30, "avec la misère d’après-guerre, là aussi il aurait pu disparaître, puisque les gens coupaient tout ce qui poussait pour se chauffer", explique Lieven Stubbe au Guardian.

Sa chance, c’est qu’il a pris racine sur un contrefort : l’abattre, c’était le faire tomber sur les maisons en dessous. Le châtaignier est donc resté debout. Et ainsi de suite, les épreuves allant. L’invasion allemande de mai 1940, une tornade en 1985, une tempête en 1992 et ces dernières années des sécheresses à répétition. 

D'après son gardien, il est en pleine forme et pourrait bien aller jusqu’à 250 ans. Autrement dit, atteindre le XXIIe siècle. Nul ne sait ce qu’il verra d’ici là, mais peut-être que grâce à lui, nous, pauvres humains, regarderons les arbres pour ce qu’ils sont : les plus majestueux exemples de résilience du vivant.

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