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Un artiste breton gagne son bras de fer judiciaire avec l’éditeur de Tintin

Xavier Marabout vient de gagner son procés contre un maison d'édition très procédurière : Moulinsart. La société qui gère les droits sur l'œuvre d'Hergé lui reprochait des toiles où Tintin est propulsé dans l'univers d'Edward Hopper.

Article rédigé par franceinfo - Franck Cognard
Radio France
Publié Mis à jour
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L'artiste peintre Xavier Marabout dans son atelier d'Auray (Morbihan). (MATHIEU PELICART / MAXPPP)

L'artiste s'appelle Xavier Marabout, et la maison d'édition la plus tracassière au monde, c'est Moulinsart, la société qui gère les droits de Tintin et de l'œuvre d'Hergé. Elle dégaine le procès aussi vite que Lucky Luke, autre héros de BD belge, dégaine son six-coups ! Xavier Marabout, a mêlé dans une série de toiles deux univers. Il a immergé Tintin dans 21 peintures reprenant le décor des tableaux du maître américain Edward Hopper.

Prenez le tableau intitulé Nighthawks (Les noctambules) : une rue de ville américaine, un bar tout en vitres au travers desquelles on voit un barman, deux hommes en chapeau mou et une femme à l’air fatigué. Xavier Marabout a installé Tintin au bar, aidant une pulpeuse blonde à se défaire de son manteau. C’est d’ailleurs une presque constante des 21 toiles, Tintin est toujours en galante compagnie. C’est de là que vient le décalage imaginé par l’artiste : Tintin, le plus seul, sentimentalement parlant, des héros dessinés, et Hopper, le peintre d’une certaine solitude, réunis par le pinceau et la peinture acrylique… 

"Exception de parodie"

Un sacrilège pour Moulinsart. Les éditions demandaient au peintre d’arrêter de parodier Tintin, et réclamait 15 000 euros de dommages et intérêts, tout en dénigrant l’artiste auprès des galeries qui auraient souhaité exposer les toiles en question. Le tribunal de Rennes, lundi 15 mai, a reconnu "l'exception de parodie"  et "l’intention humoristique" de Xavier Marabout, et l’absence de risques de confusion entre Marabout et Hergé. Il a aussi condamné l’éditeur à payer 10 000 euros à celui qu’il poursuivait en justice.

Les artistes qui s’inspirent de Tintin ne s’en sortent pas toujours aussi bien. Si Moulinsart était un nom de famille, maniaque et tâtillon seraient ses deux prénoms. Tout ce qui touche à Tintin doit passer par Moulinsart, sous peine de poursuites judiciaires systématiques. Un artiste dessine sur une affiche la fusée d’Objectif Lune pour les 30 ans du musée belge de la BD ? Poursuites. Un sculpteur aixois réalise des bustes de Tintin en résine ? Poursuites. Une étude ou un essai philosophique sur Tintin ? Mise en demeure, etc.

Ce que Nick Rodwell, le patron des éditions Moulinsart, ne supporte pas c’est que quelqu’un d’autre que lui touche au mythe, alors qu’un mythe nous appartient tous un peu. Accusé de dérives mercantiles lors de plusieurs bagarres avec des dessinateurs de BD à propos de l’héritage Hergé, Nick Rodwell a en effet une conception extrêmement peu extensive de la liberté de l’artiste. Ce qui, aux dires de certains, étouffe Hergé et Tintin. Et ce qui faisait dire au philosophe, ami d’Hergé, Michel Serres : "Nick Rodwell s’oppose à la gloire posthume d’Hergé. Quelle sottise ! Pourquoi ne pas s’opposer à l’embouchure de la Meuse ?"

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