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Quentin Garcia, l’ex-rugbyman qui envoie le sujet brûlant des commotions cérébrales devant la justice

Un an après avoir arrêté de jouer sur recommandation médicale, l'ancien talonneur du SO Chambéry, Quentin Garcia, 29 ans, a déposé plainte contre le club pour "blessure involontaire". Touché par plusieurs commotions cérébrales et aujourd’hui en rééducation, il reproche à l’équipe de ne pas avoir fait le nécessaire pour éviter les dégâts.

Article rédigé par franceinfo - Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'ancien talonneur du SO Chambéry Quentin Garcia, 29 ans, ci-contre en novembre 2020. (LE DAUPHINE / MAXPPP)

Quentin Garcia ne veut plus que le monde de l’ovalie se voile la face. Les commotions cérébrales suite à des chocs sont régulières sur les terrains mais les clubs, amateurs surtout, ne les prennent pas au sérieux. Alors pour mettre le sujet sur la table, il va très loin puisqu’il porte plainte contre son ancien club pour "blessure involontaire", une première en France où les commotions cérébrales sont encore taboues. C’est pourtant ce qui a amené le rugbyman à prendre sa retraite l’an dernier, à 28 ans seulement.

De 2013 à 2019, il a été le talonneur star du club de rugby de Chambéry. Comme beaucoup de joueurs, il a encaissé. Parce que c’est l’usage, parce qu’on se dit qu’on s’en remet. Jusqu’au 11 janvier 2019. Alors qu’il joue contre Nice, il reçoit un coup de genou à la tête lors d’un placage. Sonné, il finit le match en titubant, mais personne ne l’examine. Le lendemain, le médecin du club l’arrête deux semaines. La douleur passe. Affaire classée. Jusqu’au 26 mai : quart de finale aller contre Narbonne, un placage haut à la tête dont il ressort en saignant du nez. A la mi-temps, il se plaint de douleurs mais on lui répond qu’il fait un "super match". Alors il y retourne.

De lourdes séquelles

"Les jours suivant, je n’arrivais plus à courir à l’entrainement, j’avais comme un étau qui me serrait le crâne", raconte-t-il dans un entretien au journal L'Equipe. Pourtant, le 2 juin, il est sur le terrain pour le quart de finale retour. Parce qu’évidemment, ça ne se rate pas un quart de finale de championnat. Dès les premières minutes, il tombe, ses coéquipiers viennent le relever. "Je me suis vu mourir", confie-t-il encore. Il demande bien à sortir, trois fois, mais n’obtient d’être remplacé qu’au bout de vingt minutes. On lui fait comprendre qu’il ne faudrait pas que l’arbitre pense qu’il est commotionné.

Quelques jours plus tard, le verdict tombe : un neurologue lui annonce qu’il ne pourra plus jamais jouer. Aujourd’hui, Quentin Garcia a toujours des migraines intenses, des pertes de mémoires quotidiennes. Il enchaîne neuropsychologue, orthophoniste, psychoclinicienne et algologue, spécialiste de la douleur. Alors à ceux qui l’accusent de faire du mal au rugby en portant plainte, il répond que ce genre d’argument ne prend plus : "Des commotions cérébrales non signalées, il y en a tous les week-ends en Fédérale 1, dit-il à L'Equipe, donc non, je ne veux pas détruire le rugby, je veux juste que ce que j’ai vécu n’arrive plus." Parce qu’effectivement, Quentin Garcia est loin d’être seul, et qu’en 2020, on doit pouvoir jouer un rugby audacieux, intense sans y laisser sa tête.

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