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Mehdi Kerkouche, le chorégraphe passé du hip-hop aux planches de l’Opéra de Paris grâce au premier confinement

Lors du premier confinement, il avait publié avec sa troupe de danseurs EMKA une chorégraphie en vidéo. Une création originale qui a attiré l’attention de la directrice de la danse du Palais Garnier qui l’a invité à se produire à l’Opéra de Paris. La représentation sera captée en vidéo mardi 10 novembre.

Article rédigé par franceinfo - Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Mehdi Kerkouche, le 6 novembre 2020. (JOEL SAGET / AFP)

Peut-être avez-vous vu passer sa vidéo sur Instagram, Facebook ou Twitter, comme 1,5 millions d’internautes, pendant le premier confinement : on y voyait une mosaïque de cinq danseurs, chacun dans son appartement, et l’assemblage donnait l’impression que leurs corps ne faisaient qu’un. Une illusion d’optique saisissante qui vaut six mois plus tard à son auteur, Mehdi Kerkouche, 34 ans, de se voir ouvrir les portes de l’Opéra de Paris. Mardi 10 novembre, lui et ses danseurs auraient dû se produire en public au Palais Garnier mais, reconfinement oblige, la représentation sera filmée et pourquoi pas retransmise sur le web. ''Mais peu importe, dit-il, même si c’est un crève-cœur, on va y aller à 400%.''

Parce que, pour lui, sans nul doute, c’est une consécration. Mehdi Kerkouche ne vient pas du classique mais du hip-hop, de la danse libre. Père plombier, mère employée de maison et divorcée tôt, il a grandi en banlieue parisienne, pas très loin de Paris mais pas assez proche pour y mettre les pieds. ''Ma culture, c’était la télé, dit-il à l’AFP, et mon premier prof de danse Michael Jackson.'' À six ans, sa mère l’inscrit à des cours et il apprend tout : hip-hop, modern-jazz, salsa. Mehdi Kerkouche sait qu’il veut devenir danseur. Reste à faire tomber les barrières, les tabous. Pour sa famille berbère, un homme qui danse, ça ne se fait pas. Alors, ça n’a pas été simple mais il a combattu le rejet et s’est accepté, affirmé tout entier : français, d’origine algérienne et danseur, et homosexuel. Et heureux.

Danser à l'Opéra de Paris, c’est le bonheur ultime pour un artiste, un rêve de gamin… Petit, je ne savais pas que j’avais le droit d’aller à l’opéra

Mehdi Kerkouche, chorégraphe

AFP

Pendant dix ans, il travaille avec des artistes comme Christine and The Queens, pour des émissions comme l’Eurovision ou Miss France, un peu de cinéma aussi. Mais il n’avait jamais imaginé danser dans la cathédrale du ballet. Pourtant, juste après sa vidéo, Aurélie Dupont, danseuse étoile et directrice de la danse au Palais Garnier l’appelle et lui propose une représentation.

''C’est le bonheur ultime pour un artiste, dit-il encore à l’AFP, un rêve de gamin… petit, je ne savais pas que j’avais le droit d’aller à l’opéra, (…) donc quand elle m’a dit ça, j’ai versé une larme, et puis je me suis beaucoup questionné : et si c’était la dernière fois que je créais quelque chose ? C’est là que m’est revenue cette phrase de Pina Bausch : 'Dansez… dansez, sinon nous sommes perdus' '' C’est un peu dramatique, mais c’est ce qui a guidé Mehdi Kerkouche et si ça peut mettre un peu de grâce dans ces temps moroses, ça vaut bien une étoile.

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