Cet article date de plus de trois ans.

Les étoiles de 2020 : l'inventeur du gel hydroalcoolique, l’épidémiologiste suisse Didier Pittet

Il a fait partie des soignants les plus interviewés, consultés ou écoutés sur l’épidémie de Covid-19. Didier Pittet est un épidémiologiste de référence en Suisse, surnommé depuis 25 ans "Docteur mains propres".

Article rédigé par franceinfo, Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Didier Pittet, épidémiologiste suisse, inventeur du gel hydroalcoolique. (FABRICE COFFRINI / AFP)

Cela fait plus de dix mois désormais nous l’utilisons, avec assiduité, parfois avec excès disons-le : le gel hydroalcoolique a été inventé il y a 25 ans par Didier Pittet, surnommé depuis "Docteur Clean hands" (Docteur mains propres).

Cette année, il a fait partie des soignants les plus interviewés, consultés, il a même été reçu à l’Elysée et préside désormais la Mission indépendante d’évaluation de la gestion de l’épidémie de Covid-19 en France. Résultat d’un long combat, celui de sa vie, pour l’hygiène des mains puisque c’est cette obsession qui l’a amené à trouver la formule que l’on s’arrache aujourd’hui.

Elle lui est venu au cours de ses études de médecine, lorsqu’il s’est spécialisé dans les maladies infectieuses. À l’hôpital, il découvre les ravages causés par les maladies nosocomiales, des infections qui se développent et tuent dans le lieu où l’on espère être sauvé. En 1995, il se lance donc dans une étude pour comprendre comment ce fléau prolifère. La conclusion est d’une banalité désarmante : le personnel soignant n’a pas le temps de se laver les mains et transmet ainsi microbes et bactéries de patient en patient.

Un brevet donné à l'OMS

Un manque de temps parce que pour bien faire il faudrait deux minutes de lavage, et que dans l’urgence ce temps n’existe pas. Pour Didier Pittet, la solution est toute trouvée : il faut remplacer l’eau et le savon par quelques gouttes d’alcool, et l’on passe ainsi de deux minutes à cinq secondes. Il créé donc une formule simple, avec des ingrédients abordables, facile à trouver partout dans le monde.

La formule dont il donne le brevet à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au début des années 2000 pour empêcher les laboratoires pharmaceutiques de s’en emparer, maintenir un prix bas et ainsi pouvoir en généraliser l’utilisation à toute la planète.

Didier Pittet a fait ses calculs, s'il recevait un centime par flacon vendu, il percevrait 1,6 milliard d’euros par an. À chaque interview, la même question revient : pourquoi n’avoir pas gardé le brevet ? Vous auriez pu devenir riche ? "L’hygiène des mains est quelque chose de trop simple et trop nécessaire, pour qu’elle soit brevetée", explique l'épidémiologisteCe n’est donc pas une erreur, ni un oubli, l’inventeur ne s’est pas fait voler sa trouvaille. Non, Didier Pittet est simplement quelqu’un qui a les mains propres. Et sa formule, versée sur les mains des autres, évite chaque année des millions d’infections.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.