Le Sud-Africain Mbongeni Buthelezi peint ses toiles avec des déchets plastiques pour dénoncer leur omniprésence dans nos vies
L’artiste de 56 ans a commencé à utiliser des plastiques trouvés dans les décharges de Johannesburg parce qu’il ne pouvait pas s’offrir de peinture à l’huile. C’était il y a 35 ans, et depuis sa démarche est devenu un combat contre la surproduction de déchets.
Voilà qui va répondre à l’une des questions posées aux lycéens qui passaient l'épreuve de philosophie du bac : les pratiques artistiques transforment-elles le monde ? Mbongeni Buthelezi, plasticien sud-africain de 56 ans, entend bien démontrer que oui. Depuis 35 ans, il peint des portraits avec les déchets plastiques qui envahissent notre quotidien. Il les récolte dans les décharges de sa ville, à Johannesburg, puis il les découpe en toutes petites pièces, les trie par couleur, puis les colle sur des toiles et cela donne d’immenses portraits, de femmes, d’enfants, des visages qui l’ont fait connaître un peu partout sur la planète.
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Ses œuvres ont été exposées de New York à Prague en passant par Amsterdam, Le Caire ou encore Sydney. Un parcours qu’il retrace dans une longue interview à la chaîne CNN où il explique qu’il s’est intéressé au plastique tout simplement parce qu’il ne pouvait pas se payer de peinture à l’huile. "C’était à la fin des années 1980, dit-il. À l’école, on nous avait appris à faire des collages avec de vieux magazines, alors j’ai cherché une autre matière, une autre technique, et dans une décharge illégale à côté du lycée, j’ai vu toutes ces couleurs, tous ces matériaux disponibles et je me suis dit ‘est-ce que je ne pourrais pas faire quelque chose qui donne du sens à tout ce plastique ?’"
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Sacs, bouteilles et emballages bleus, verts, rose, violets… Mbongeni Buthelezi a donc commencé par les fondre, avec un fer chauffant, pour en faire une pâte à appliquer sur la toile. Et puis, il a ajouté les collages pour créer son style et définir le sens qu’il cherchait. "En tant qu’artiste, je dois être le miroir de la société, je suis sensé refléter ce qui se passe, ce qui se trouve là, sur le terrain, et ce qui s’y trouve, et bien c’est du plastique", détaille-t-il.
Un travail brûlant d’actualité, puisque l’OCDE vient d’alerter sur le fait que la production mondiale de déchets plastiques devrait tripler d’ici 60 ans, pour atteindre 1,2 milliards de tonnes annuelles. Ça fait beaucoup d’œuvres d’art. "Pourtant mon plus grand souhait, conclut Mbongeni Buthelezi, ce serait d’être à court de matière, à court de plastique. Et c’est pour ça que je me bats."
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