Le président du Racing 92, Jacky Lorenzetti, regardait le Covid-19 "de haut", avant de changer d'avis
À 72 ans, Jacky Lorenzetti, entrepreneur et président du club de rugby Racing 92, plaidait pour que l’économie soit prioritaire par rapport à la crise sanitaire. Mais il a fini par contracter le Covid-19 en octobre. Une épreuve qui l’a amené en soins intensif à l’hôpital où il a revu son jugement.
Dans un monde où chacun campe sur ses positions, où discuter s’avère de plus en plus difficile, ceux qui revoient leur jugement sont rares. Pour ça, il faut un élément déclencheur, et parfois quelque chose de brutal, de radical. Par exemple, se retrouver cloué sur un lit d’hôpital, à cause du coronavirus. C’est ce qui est arrivé à Jacky Lorenzetti, 72 ans, entrepreneur, président du club de rugby Racing Métro 92, forte tête et pas le genre à se laisser distraire par un agent pathogène.
"Je regardais le Covid-19 de haut", confie-t-il au journal l’Equipe, j’étais incrédule, et en colère". En mars, lorsqu’Emmanuel Macron lance "nous sommes en guerre", il ne comprend pas. Jacky Lorenzetti voit surtout l’économie qu’on achève, les faillites à venir, la disproportion. Sans compter ces maudits masques qui le fatiguent. Là aussi, est-ce bien nécessaire ? Surtout en extérieur, au bord d’un terrain de rugby ?
"Et puis, j’ai été contaminé", dit-il, le 17 octobre, juste après la finale de Coupe d’Europe. Le président du Racing 92 va subir la spirale covidienne classique : grosse fatigue, difficultés à respirer, cœur qui s’emballe, un coup de massue. Il passera près de deux semaines en soins intensifs sous assistance respiratoire.
J’ai entraperçu la fin, j’ai eu peur, et puis j’ai vu la petite lumière au bout du tunnel, je m’en suis sorti et j’ai révisé mon jugement sur l’épidémie.
Jacky Lorenzetti, président du Racing 92à L'Équipe
Il détaille sa sortie d’hôpital. Il était exténué, épuisé, avec neuf kilos en moins. Un peu borné, il veut quand même "faire comme avant", tenir ses réunions, reprendre le rythme, mais ses poumons sont faibles, sa tête aussi. Jacky Lorenzetti n’arrive pas à suivre. Aujourd’hui, cela fait un mois et demi qu’il lutte pour se rétablir. Alors il met les costauds, les invincibles, les forts en gueule comme lui, tout le monde en garde : "Le virus, c’est dangereux, et ça rend humble, dit-il, moi ça m’a fait comprendre qu’il y a quelque chose de plus fort que l’économie, c’est la vie."
Cela peut paraître évident, et en même temps, combien opposent (comme le Jacky d’avant) crise économique et la crise sanitaire ? Le débat, d’ailleurs, fait toujours rage. Lui souhaite désormais que "l’on bascule vers une économie moins sauvage, dit-il, avec moins de surconsommation". Manière de dire aux sceptiques, attention, le monde a changé, n’attendez pas l’épreuve ultime pour le voir.
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