La justice brésilienne donne raison à Carol Solberg, la championne de volley poursuivie pour des propos anti-Bolsonaro
Il y a deux mois, elle avait déclenché la colère des partisans du président brésilien en criant à la télévision "dehors Bolsonaro". Son cas s’était retrouvé devant la commission de discipline de sa fédération.
Cela semble aller de soi, et pourtant son cas a mis sur la table une question délicate au pays de Jair Bolsonaro : un athlète a-t-il le droit d’exprimer un point de vue politique ? Car c’est bien la polémique dans laquelle s’est retrouvée Carol Solberg, 33 ans, championne de volley au Brésil.
Le 20 septembre dernier, alors que son équipe vient de remporter une médaille de bronze lors d’un tournoi à Rio, SportTV, la chaîne de sport la plus regardée au Brésil lui tend le micro, en direct. Et, parce que depuis des mois, elle enrage intérieurement contre la gestion désastreuse de l’épidémie de Covid-19 qui a causé 170 000 morts, contre l’immobilisme face aux incendies monstrueux dans la forêt Amazonienne, elle décide que c’est le moment. Qu’il faut saisir l’occasion. À la fin de l’interview, Carol Solberg se rapproche du micro et lance : "Dehors Bolsonaro !". Deux mots qui mettent le feu aux poudres.
Carol Solberg você é tudo
— Leon (@abecaleo) September 20, 2020
“FORA BOLSONARO” pic.twitter.com/SIFWgm9qDD
Les militants bolsonaristes crient leur indignation sur les réseaux sociaux,
ils demandent des sanctions. La fédération brésilienne de volley l’accuse donc "d'entacher son sport" et porte le cas devant la commission de discipline. Reconnue coupable de "menace", Carol Solberg écope d’une suspension pour six matchs et d’une amende de 100 000 reals, autrement dit 15 800 euros. Du jamais vu.
On nous dit 'vous les athlètes, vous devez être des exemples', mais comment peut-on être un exemple si l’on ne prend jamais position ?
Carol Solberg, volleyeuse brésilienneMarie Claire Brasil
En réalité, des sportifs qui prennent position politiquement, le Brésil en regorge. On ne compte plus les footballeurs pro-Bolsonaro : Ronaldinho, Lucas Moura, Cafu, et bien sûr Neymar. Pareil en volley, où plusieurs joueurs de l’équipe masculine ont soutenu le président. Mais curieusement, aucun d’entre eux n’a reçu de sanctions pour être sorti de la neutralité. L’injustice étant criante, Carol Solberg a donc fait appel et renvoyé l’affaire devant la Cour supérieur de justice du sport, instance qui vient donc de l’acquitter.
La peine est annulée, et depuis quelques jours, elle est devenue malgré elle la porte-voix des anti-Bolsonaro, c'est ainsi que la présente le quotidien britannique Le Guardian. Dans ses interviews, elle défend surtout la liberté d’expression dans son pays et fait le tour des médias pour réaffirmer son message. "J’utilise ma voix parce que je pense sincèrement que nous traversons un cauchemar", raconte-t-elle à Marie Claire Brasil.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.