Frederick et Florence, jeunes mariés de 84 et 81 ans qui ont attendu soixante-huit ans avant de se dire "oui"
Les deux Canadiens se sont rencontrés au collège dans les années 50 avant d’être séparés par la vie. Près de sept décennies plus tard, en pleine épidémie de Covid, ils se sont retrouvés, par hasard, et ont de nouveau eu un coup de foudre. Une histoire qui passionne la presse en Amérique du Nord.
Autant dire que s’il y en a deux dans le monde qui sont ravis d’être confinés et sous couvre-feux, ce sont eux : Frederick et Florence, un couple de Canadiens qui a attendu soixante-huit ans avant d’enfin se dire "oui". Leur histoire commence en 1952, alors qu’ils sont adolescents dans la province de Terre-Neuve. Coup de foudre au collège : pendant deux ans, ils ne se quittent pas, rallongent le trajet en sortant de l’école, se bécotent en cachette entre les cours, et chaque soir, Frederick, qui habite en face de chez Florence, lui dit "bonne nuit" en jouant avec l’interrupteur de la lumière du porche.
La suite était évidente mais la vie en a décidé autrement. Frederick part étudier à Toronto, Florence, elle, reste dans la petite ville de Terre-Neuve, et, lorsqu’il revient, elle est mariée. C’est la vie. Chacun a eu enfants et petits-enfants. Au bout de 57 ans de mariage, le conjoint de Florence succombe à un cancer. Puis la femme de Frederick aussi. Et c’est là qu’ils se retrouvent, par hasard. "Nos deux frères sont dans la même maison de retraite, explique Florence à la radio CBC, le sien m’a donné de ses nouvelles, assez mauvaises, et surtout son numéro de téléphone, alors après quelques jours de tergiversation, j’ai décidé de l’appeler parce que je sais ce que c’est que d’être soudain seul."
Lorsqu'elle est arrivée chez moi, j’étais en pyjama ! Alors je me suis habillé en vitesse, j’ai ouvert la porte, on s’est tenus main dans la main et j’ai tout de suite su qu’elle avait repris mon cœur.
Frederick Paul, jeune marié de 84 ansà CBC
C’était en février. Au premier coup de fil, passé la surprise, tous deux échangent des souvenirs, des fous-rires en se rappelant leurs années collèges. Une semaine plus tard, elle rappelle, et encore celle d’après, et ainsi de suite, tous les trois jours, puis deux jours, puis quotidiennement, pendant des heures et des heures. Au bout de cinq mois, ils conviennent enfin de se voir et elle débarque chez lui à 22h30. "J’étais en pyjama !, raconte Frederick, alors je me suis habillé en vitesse, j’ai ouvert la porte, on s’est tenus main dans la main et j’ai tout de suite su qu’elle avait repris mon cœur."
Trois jours plus tard, ils annoncent à leurs enfants qu’ils vont se marier, ce qu’ils font en août, avec une poignée d’invités, tous masqués et à distance. Un mariage qui a d’abord ému la presse locale, puis nationale, avant de s’étendre cette semaine à NewsWeek et CNN, comme une respiration entre deux scoops anxiogènes sur le Covid ou Donald Trump. Une histoire dans laquelle il n’y a pas de réseaux sociaux, pas de Facebook, pas de "likes". Juste deux lignes de téléphone fixe, sept décennies d’attente, un désir extraordinaire de vivre et surtout beaucoup de tendresse.
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