Faute de pouvoir la vendre, une maraîchère offre sa récolte de tomates et fait des dizaines d’heureux en Gironde
Le ramassage mécanique de se tomates n’a pas pu être fait à cause des mauvaises herbes. Mais Karine Tressens n’a pas pu se résoudre à l’idée de détruire sa production, alors elle a ouvert sa parcelle aux anonymes, qui ont largement répondu à l’appel.
Elle a donné, purement et simplement, sans contrepartie, toute sa récolte de tomates à qui voulait bien la prendre. Karine Tressens gère une ferme biologique en Gironde à Hourtin, et jeudi dernier, au matin, elle a appris que sa production, 500 tonnes destinées à être transformée en sauce tomate, était non-ramassable : trop de mauvaises herbes, dont certaines toxiques, impossible de faire passer les machines de ramassage sans les attraper en même temps que les fruits, et donc compromettre la production. Pas de ramassage, pas de revente. Son terrain fait 26 hectares, elle ne peut pas embaucher du jour au lendemain des ouvriers pour cueillir à la main. Alors Karine Tressens lance un appel sur Facebook : "Voir toutes ces tomates dépérir nous fait trop mal au cœur, nous avons donc décidé d’ouvrir cette parcelle à tous pour une cueillette libre et gratuite."
Tout ça a pris beaucoup plus d’ampleur que ce qu’on imaginait, mais voir des sourires sur les visages des gens, ça fait du bien, c’est même motivant malgré la non-récolte.
Karine Tressens, maraîchère en Girondeà France Bleu Gironde
Effet immédiat : dans la journée, le message circule, accumule plus de 400 000 vues, et le lendemain, devant la parcelle, Karine Tressens découvre des dizaines d’anonymes, jeunes, vieux, en couple, ou accompagnés d’enfants, des cueilleurs qui ont pour certains fait des centaines de kilomètres et qui pour la remercier lui font des dons. "Au départ, l’idée était de lancer un appel local, explique la maraîchère au micro de Céline Autin de France Bleu Gironde. Tout ça a pris beaucoup plus d’ampleur que ce qu’on imaginait, mais voir des sourires sur les visages des gens, ça fait du bien, c’est même motivant malgré la non récolte." Et cela la conforte dans son idée : Karine Tressens promeut les circuits courts, la vente directe chez le producteur, le dialogue, le partage par exemple de recettes pour éviter de gaspiller.
Depuis cinq jours, elle reçoit des messages de partout, des Deux-Sèvres à la Somme, en passant par Mayotte et le Guatemala. Elle reçoit beaucoup de question aussi : pourquoi cultiver des tomates en bio sur 26 hectares ? N’est-ce pas trop grand ? Et qu’est-ce qu’on appelle mauvaises herbes exactement, qu’est-ce que le mildiou ? Le datura ? Bref, sa page Facebook s’est transformée en forum d’échange, en cours d’agronomie improvisé, où l’on comprend qu’en fait, beaucoup d’internautes ne savent pas comment ce qu’on mange est produit. En revanche, ce qu'il est possible de faire, c’est "liker", mettre des "j’aime". Et c’est là-dessus que s’est appuyée Karine Tressens pour donner une seconde chance à ses tomates, faire des heureux, et en bonus diffuser un peu de savoir sur les sciences de la terre, ou comment rendre une récolte perdue largement rentable.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.