Environnement : le patron américain et multimillionnaire Stephen Prince renonce à son jet et plaide pour une taxation massive de l’aviation privée
Stephen Prince est un "repenti". C’est le qualificatif qui vient à l’esprit quand on l’écoute justifier sa décision. Ce patron américain d’une soixantaine d’années annonce qu’il arrête de se déplacer en jet privé. Il vend son Cessna 650, 830 km/h en vitesse de croisière, un avion conçu pour transporter jusqu’à sept passagers mais que l’homme d’affaires, mis à part quatre à cinq fois par an pour transporter ses amis dans sa villa aux Bahamas ou sa réserve de chasse dans le Nebraska, n’a souvent utilisé que pour lui-même.
Il explique au site d’information économique Business Insider et au New York Times qu’en 2023, avec tout ce que l’on sait sur l’impact environnemental des jets privés, sur ce que cela coûte à la planète, on ne peut plus continuer dans cette voie. En tout cas lui ne peut plus : "J’ai réalisé qu'à chaque fois que je montais dans mon avion, je rejetais dix fois plus de carbone dans l’atmosphère que si j’avais pris un vol commercial en première classe, et en fait, c’est tout simplement inadmissible, c’est incroyablement égoïste."
Encadrer et taxer l'aviation privée
On pourrait se dire que c’est un peu candide, mais quelle autre milliardaire a osé faire cette démarche ? Qui parmi les 1 % les plus riches sur la planète renonce à voyager en jet privé ? Jusqu’à présent personne. Lorsqu’il a été mis face à la question, Bill Gates par exemple a répondu que cela n’était pas grave parce qu’il achetait des points de compensation carbone. D’autres, comme les stars Taylor Swift et Kylie Jenner, ne répondent même pas, sans parler d’Elon Musk dont le jet privé a fait plus de 12 fois le tour de la Terre l’an passé.
D’où l’intérêt de la prise de parole de Stephen Prince, qui parle d’une "addiction au jet privé", d’un "outil fantastique qui vous emmène où vous voulez, quand vous voulez", sans portique de sécurité, ni file d’attente, et qu’on finit par prendre quasiment tous les jours simplement parce qu’on peut. Mais est-ce que parce qu’on peut faire quelque chose, on doit le faire ? C’est la question qu’il met sur la table.
Stephen Prince a fait fortune en se lançant en 1993 aux États-Unis dans le business des cartes-cadeau. Précurseur en la matière, cette mode lui a rapporté des millions et des millions de dollars. En 2016, il a cofondé l’association des Patriotic Millionnaires, un club d’entrepreneurs et héritiers, tous multi-millionnaires qui plaident pour une augmentation massive des taxes sur les plus riches. Y compris l’aviation privée. Et c’est ce qui l’a amené à renoncer à son jet. Par cohérence, et surtout pour montrer qu’on n’est pas obligé d’attendre d’être contraint par la loi pour agir.
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