Climat : quand une rédactrice du dernier rapport du Giec s’allonge sur une route en Suisse pour interpeller le gouvernement
Elle a pris part à cette action non-violente menée à Berne, en Suisse, mardi 11 octobre pour demander la mise en place d’un plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Arrêtée puis relâchée dans la journée, elle dit "faire cela par purs désespoir et terreur".
Avec une dizaine d’autres personnes, elle a enfilé un gilet de sécurité orange et s’est allongée en plein milieu d’une route à Berne mardi matin 11 octobre, pour bloquer la circulation et dérouler une banderole réclamant un vrai plan pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et stopper le réchauffement climatique. L’action est d’autant plus spectaculaire que Julia Steinberger a co-écrit le dernier rapport du Giec, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. C’est inédit, et depuis deux jours la vidéo de son arrestation suscite beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux.
On y voit deux policiers la soulever dans le calme et l’emmener dans un fourgon, opération pendant laquelle elle lance à la personne qui filme : "L'action civile non violente est très importante car notre gouvernement n’agit pas contre le réchauffement, or il nous reste très peu de temps." "Je fais cela par pur désespoir, a-t-elle expliqué après être sortie du commissariat, par pure terreur."
arrestation de @JKSteinberger à Bern Wankdorf "l'action civile non violente est importante, il ne nous reste plus beaucoup de temps" pic.twitter.com/oorFp9WKQR
— Renovate Switzerland (@Renovate_CH) October 11, 2022
Julia Steinberger a 48 ans, elle se présente comme mère, tante et professeure d’économie à l’université de Lausanne. Elle a dirigé la rédaction du chapitre trois du dernier rapport du Giec, celui sorti en avril sur les solutions pour concrètement faire baisser nos émissions de gaz à effet de serre : ne plus accorder de permis d’extraction de pétrole et de gaz, fermer les centrales à charbon, rediriger les financements destinés aux énergies fossiles vers les énergies renouvelables, isoler tous les bâtiments, sortir de l’agriculture intensive et aider les petits producteurs, inciter à manger moins de viande mais de meilleure qualité, ou encore favoriser les modes de transport sans pétrole.
Elle explique qu’elle pensait que donner les solutions aux décideurs, leur démontrer combien il y a à gagner en termes d’emploi, de relocalisation et de santé déclencherait le passage à l’action. Six mois plus tard, elle juge que la Suisse n’en fait rien, d'où sa démarche. Et elle n’est pas seule : en ce moment, partout en Europe, en Allemagne, en Angleterre, des scientifiques sortent de leurs labos et de leurs salles de classes, ils s’allongent par terre, occupent des sites pour tenter de remettre le sujet de l’avenir sur la table, "l’avenir de nos enfants, conclut Julia Steinberger dans un message sur son compte Twitter, on veut juste être de bons ancêtres."
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