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Athlétisme : Anjelina Nadaï devient la première athlète à remporter un titre sportif international en tant que réfugiée

La coureuse, qui a fui le Soudan en pleine guerre civile, il y a 20 ans, vient de remporter sa première course internationale à la Coupe d’Europe des clubs champions de cross-country en Espagne. Une première pour elle, mais aussi pour l’équipe olympique des réfugiés qui n’avait jamais vu aucun de ses athlètes remporter un titre.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Anjelina Nadai, réfugiée Soudanaise,coureuse. (HANNAH PETERS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Anjelina Nadai est réfugiée Soudanaise : elle a fui son pays quand elle avait sept ans et elle vient de remporter sa première course internationale non pas en représentant un pays, mais en tant que membre de l’équipe olympique des réfugiés. C’est une première pour elle, et c’est une première pour cette équipe dont aucun athlète n’avait encore remporté de compétition.

Il y a quelques jours en Espagne, à Castellon, pour la Coupe d’Europe des Clubs champions de cross-country, Anjelina Nadai a donc avalé les cinq tours d’un parcours de 8,7km avec le meilleur temps, 27 minutes, décrochant ainsi sa place en haut du podium et le titre européen.

"J’étais très émue, dit-elle au quotidien espagnol El Pais, parce que toute ma vie, j’ai voulu remporter une médaille, j’ai cru en moi, en mes efforts, j’ai fait du mieux que j’ai pu et j’ai réussi." Et Anjelina Nadai ajoute que la clé de sa détermination, c’est qu’elle n’oublie pas tout ce qu’elle porte. Elle a 28 ans aujourd’hui, mais elle n’était qu’une enfant quand, en pleine guerre civile soudanaise, ses parents l’ont confiés à sa tante pour qu’elle quitte le pays, parte loin des combats, de la famine et des morts. Comme pour l’immense majorité des réfugiés, elle et sa tante n’ont pas traversé la planète, elles sont allées au plus proche, le camp de réfugiés de Kakuma, au Kenya voisin.

Participer à Paris 2024 et courir pour tous les réfugiés

C’était en 2002. 20 ans plus tard, le Soudan du Sud est un état indépendant, mais il est au bord de la famine, et toujours en pleine crise des réfugiés qui sont, d’après les chiffres de l’ONU, 2,3 millions à vivre dans des camps en Ethiopie, en Ouganda, au Soudan et au Kenya. "Avec ça, explique Anjelina Nadai, personne, ni mes parents, ni la société soudanaise ne comprend pourquoi moi, une femme et une réfugiée, je cours, mais je m’en fiche, courir me donne de l’espoir, et m’aide à laisser la douleur derrière moi."

La première fois qu’elle s’est élancée, c’était sur le chemin de l’école, pieds nus, pour se défouler, puis, elle a participé à ses premières courses, ses premiers tournois, jusqu’à être sélectionnée pour intégrer l’équipe olympique des réfugiés créée pour les JO de 2016. Elle a donc participé à deux olympiades, Rio et Tokyo en 2020, et vise désormais Paris, où, médaille ou pas, elle dit que l’important, "C’est d’y être pour représenter tous les réfugiés, c’est à eux que je pense quand je cours, ils sont dans mon cœur et dans ma tête et ils me poussent."

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