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À 21 ans, Jasmine Harrison devient la plus jeune femme à traverser l’Atlantique à la rame en solitaire

Née dans la région du Yorkshire en Angleterre, cette professeure de natation n’avait jamais ramé avant de décider de s’inscrire à l’édition 2020 de la course Talisker Whisky Atlantic Challenge. Un périple entre les Canaries et Antigua, qu’elle a bouclé en 70 jours, seule, et en ne mangeant (presque) que du chocolat.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Jasmine Harrison est la plus jeune femme à avoir traversé l’Atlantique à la rame en solitaire. (CAPTURE D'ECRAN TWITTER)

À 21 ans à peine, Jasmine Harrison vient de boucler une odyssée en mer de 4 828 kilomètres, en 70 jours, 3 heures et 48 minutes, en solitaire, et à la seule force de ses bras. Traverser l'Atlantique, un exploit d’autant plus impressionnant, qu’il y a un an à peine, elle n’avait jamais ramé. C’est à la télé que l'Anglaise a découvert l’océan, en tombant par hasard sur la retransmission de l’arrivée d’une course, la Talisker Whisky Atlantic Challenges, en 2018. Voir les concurrents ramer la fascine, entièrement concentrés sur leur effort. Là, "pas de réseaux sociaux, pas de mauvaises nouvelles", se dit-elle, c’est l’évasion ultime, et c’est ça qu’elle veut vivre. Un jour.

Un jour qui arrive l’année dernière, lorsqu’elle décide de s’inscrire pour l’édition 2020 de la course, avec un départ prévu en décembre. Elle qui enchaîne deux postes à mi-temps, l’un de professeure de natation, l’autre de serveuse, y intercale ses premières sessions de rame, s’entraîne intensément, trouve un sponsor et un bateau. C'est une longue barque, avec une cabine de repos à l’avant et une réserve à l’arrière, rehaussée d’un panneau solaire pour charger lumière, GPS et téléphone satellite. "Ce que je craignais le plus, dit-elle à la BBC, c’était la solitude, mais je ne l’ai jamais ressentie, à vrai dire ça m’a pris plusieurs jours pour réaliser que j’étais livrée à moi-même."

Baleines, dauphins... et chocolat

Elle raconte le départ joyeux de La Gomera, aux Canaries, les 12 heures d’affilée à ramer, entrecoupées d’étirements et de grignotage, la mer changeante, passant d’un inoffensif clapotis à des creux de plusieurs mètres, y compris à l’arrivée à Antigua. Et puis ses rencontres fortuites, magiques, avec des baleines, une bande de dauphins ou encore ce poisson-pilote qui a décidé de suivre son bateau, collé à la coque comme aux flancs d’un requin. "C’était incroyable, raconte-t-elle, et je voudrais vraiment que, dans dix ans, on puisse encore voir ce que j’ai vu." Parce que, oui, cet environnement est vulnérable, Jasmine Harrison a d’ailleurs profité de sa course pour récolter des fonds pour la Blue Marine Foundation, une association qui lutte contre la surpêche.

Pour le reste, comment survie-t-on en étant confiné dans trois mètres carrés, au milieu de l’océan, avec pour seule force motrice celle de ses propres bras ? Grâce au chocolat : "J’en ai mangé 40 kilos, confie-t-elle en souriant au quotidien britannique The Guardian, ça et des biscuits emportés à la place des rations traditionnelles." Jasmine Harrison est originale, surprenante, joyeusement décalée. Et c’est à ça d’ailleurs qu’elle nous invite : "À changer d’état d’esprit, dit-elle, à ne plus penser à ce que l’on ne peut pas faire, mais à ce que l’on peut faire". En ces temps de couvre-feu, confinement et autres restrictions diverses, ça se médite.

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