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L'empire des séries. "Patria" ravive les plaies de la lutte armée au Pays basque

Dans "Patria", le réalisateur Aitor Gabilondo adapte le roman à succès de Fernando Aramburu et rompt le silence autour de la lutte armée de l'ETA au Pays basque. La série est diffusée sur Canal +.

Article rédigé par franceinfo - Laurent Valière
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le mari de l'héroïne Bittori (Elena Irureta) assassiné par l'ETA au début de "Patria" (HBO OLE PARTNERS / PHOTO NUMÉRIQUE)

2011. L’Eta, l’organisation indépendantiste basque annonce qu’elle range les armes. Une femme, dont le mari avait été assassiné par l’organisation 20 ans plus tôt, rentre dans le village où s’était déroulé le drame. Mais les plaies ne sont pas refermées. Sa meilleure amie la regarde toujours de travers.  

Patria, ce n’est pas le récit de 50 ans de lutte armée de l’ETA, c’est le récit à hauteur d’hommes, et en l’occurrence de femmes, de ses conséquences : les familles tiraillées dont les enfants sont entrés ou non dans la lutte. La série en huit épisodes est tirée d’un bestseller signé Fernando Aramburu, comparé par certains à Guerre et Paix, et vendu à plus de 700 000 exemplaires.

C'est un sujet sur lequel il y a eu beaucoup de silence.

Susana Abitua, actrice

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Susana Abitua incarne l’une des filles de l’entrepreneur assassiné. Le livre l’avait, à proprement parler, choquée. 

"On n’était pas très habitué. C’était un livre qui a été lu par beaucoup de monde sur un sujet sur lequel il y a eu beaucoup de silence. C’est ça qui m’a choquée le plus. J’ai beaucoup aimé qu’il parle des deux familles. Comment la violence, d’une manière ou de l’autre, finit par créer de la violence, comment deux familles sont complètement détruites par rapport à ça, et rentrer dans la peau de certaines personnes, ce que je n’avais jamais fait." 

2011 : l'ETA annonce la fin de la lutte armée

La série navigue entre 2011 et la violence dans les années 90 : les bus incendiés, les cocktails Molotov projetés. Le réalisateur, Aitor Gabilondo, sait montrer le silence qui pèse sur les familles. Il veut tellement être fidèle dans la reconstitution que tous les acteurs sont basques, comme Susana Abitua.  

"J’ai vécu, j’ai entendu des bombes. J’ai connu des gens, un peu de tout. Dans le caractère basque, il y a plein de choses où je vois ma grand-mère, la façon dont les deux actrices jouent, c’est très basque. C’est une période qui a donné beaucoup de douleur de tous les côtés, donc les gens ça les remuait. Il y a une anecdote, une dame qui a parlé à Aitor, le réalisateur en lui disant : je pensais que tout recommençait une autre fois. Mais non, ce n’était que pour le tournage d’une série."   

Une série lente mais passionnante qui lève le voile sur une histoire restée secrète et sur des familles meurtries.

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