L'empire des séries. Les polars. "Engrenages", le polar français quasi-documentaire
Chaque jour cet été, Laurent Valière nous plonge dans l'histoire des meilleures séries, et nous donne des idées de séries à voir ou à revoir. Toute cette semaine, on revisite les séries policières. "Engrenages", première série originale Canal+, casse les codes du polar à la française et au gré des saisons nous plonge de façon naturaliste dans les coulisses de la police et de la machine judiciaire. Les saisons sont disponibles sur MyCanal.
2005. L’Amérique propose des séries réalistes comme Les Soprano, Sur écoute… mais la France reste cantonnée aux téléfilms de 90 minutes avec des policiers redresseurs de torts comme Navarro et Julie Lescot. Avec Engrenages, produit par Canal+, l’avocate Alexandra Clert imagine de raconter de façon quasi naturaliste le travail de deux policiers, et la machine judiciaire. Au centre, deux policiers, la capitaine tenace Laure Berthaud incarnée par Caroline Proust et Gilou, le lieutenant de police judiciaire au cœur tendre joué par Thierry Godard. À leurs côtés, contre eux, Audrey Fleurot alias Joséphine Karlsson avocate ambitieuse et un vieux juge droit joué par Philippe Duclos. Tout est en place pour décrire au plus juste les enquêtes comme la procédure pénale qui devient un personnage à part entière.
Des codes très précis
Engrenages a ses gimmicks. Chacune des huit saisons s’ouvre par la découverte d’un cadavre. Et explore de façon quasi documentaire des faits réels dans la France d’aujourd’hui : la prostitution des filles de l’est, la corruption d’élus, le blanchiment de l’argent de la drogue, la politique du chiffre sous Nicolas Sarkozy, la loi dans les quartiers, les mineurs migrants clandestins. On fait appel à des consultants, avocats, juges ou policiers, pour filmer la plus infime action : une interpellation, une garde à vue, un dispositif de surveillance. On ne se prive pour de rappeler parfois de façon didactique une procédure judiciaire. Le sang n’est pas caché et une équipe de truquistes donnent un vérisme parfois effrayant aux cadavres. Le tout est filmé en décors réels, dans les rues de Paris ou de Pantin, ou en prison. Les huit saisons d’Engrenages disponibles sur Canal+ donnent ainsi une chair aux personnages et à l’action. Les dialogues sont fleuris. Et pour une fois des personnages féminins forts. Quatre femmes se sont succédées à l’écriture des huit saisons. Soudain, le polar à la française devenait cool et s’exportait à l’international. La série est diffusée au Royaume-Uni sous le titre spiral et elle a même reçu en 2015 le Prestigieux Emmy Award de la meilleure fiction.
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