L'empire des séries. Justin Theroux, cet effroyable père, dans "The Mosquito Coast"

On connaissait le film Mosquito Coast de Peter Weir, sorti en 1986. Harrison Ford incarnait cet inventeur génial qui lutte contre la société de consommation et le rêve américain. Une sorte de nouveau Robinson suisse - illuminé et autoritaire - qui embarquait femmes et enfants jusqu’à la côte des Mosquitos au Honduras pour construire un monde meilleur, qu’il transformait en enfer. Le film, c’était l’adaptation d’un bestseller de Paul Theroux de 1981.

Justin Theroux reprend le rôle écrit par son oncle en 1981

40 ans plus tard, Apple adapte le livre en série et propose au neveu de l’auteur, le magnétique Justin Theroux, d’incarner ce père de famille. L’acteur, héros de la grande série The Leftovers et de Mulholland Drive est impeccable dans la peau de ce personnage réfractaire aux nouvelles technologies, qui plonge tout le monde dans la folie.

La série s’affranchit du roman en ajoutant une intrigue supplémentaire : le père baroudeur idéaliste et sous-employé, en marge de la société, est recherché par la police fédérale, pour une raison longtemps inconnue. Du jour au lendemain, il quitte sa paisible maison avec femme et enfants et fuit, direction le Mexique. C’est parti pour une sorte de road movie à la Breaking Bad : une longue et parfois violente cavale dans les déserts de la frontière du Mexique, face aux  milices américaines, aux cartels et à la rencontre de migrants.

Discours anti-capitaliste et détestation des nouvelles technologies

Une course poursuite pour cette famille complexe qu’on apprend à connaître : Dina, la fille rebelle à qui son père interdit l’utilisation de téléphone portable, Charlie, qui vénère son père, Margot l’épouse aimante, et ce père réfractaire qui sait naviguer sur le dark web.

La série magnifiquement filmée dans des teintes sépia est une longue fuite en avant. Avec un père énigmatique et dangereux qui s’envole dans de longs discours contre le capitalisme et le matérialisme. A qui Justin Theroux apporte un humanisme qui emporte sournoisement le spectateur.