Dans les coulisses de "Sur écoute" : une tragédie grecque pour son auteur David Simon

Sur écoute, c’est une énorme fresque en cinq saisons qui raconte les dessous d’une grande ville américaine moyenne : Baltimore. Son auteur, David Simon, la connaît bien, il y est né, il y a été journaliste durant 10 ans, à suivre les faits-divers. Sous couvert de série policière sur la lutte contre la drogue, il a réussi avec sa série, à raconter sans fioritures la vie dans les quartiers, le système éducatif en grande difficulté, ou encore les compromissions des hommes politiques. Peu de têtes d’affiche, et des personnages qui pouvaient comme dans Game of Thrones soudainement mourir.

En fait dès le départ, David Simon a en tête un profil type d’histoire : la tragédie grecque : "Deux choses m'ont vraiment influencé quand j’ai créé la structure de la série. D’abord, le véritable Baltimore : je voulais vraiment représenter la ville de façon réaliste et avec soin. Et puis sur le plan thématique, j’aimais l’idée de ces dieux qu’on voit dans les tragédies grecques face à des hommes qui souffrent sous leur poids.

D’une certaine façon, dans la série, les dieux grecs, ce sont les institutions modernes du pays et de la ville : l’administration, l'administration scolaire, l'administration policière, la mairie, le palais de justice. Et aussi d’une certaine façon les patrons du commerce de la drogue. Tous  lancent des pierres sur les hommes, les frappent, sans raison ou parce que c’est dans leur nature de nier la dignité des gens. C’est ça qui m’a séduit dans les tragédies grecques."

Ce modèle de tragédie grecque a fait la différence entre une série comme Sur écoute, et d’autres séries comme Breaking Bad, plutôt inspirée des tragédies sanglantes de William Shakespeare.

"Beaucoup de fictions aujourd’hui sont plutôt ancrées dans la tradition de Shakespeare. C'est l'idée que l’âme entière d’un personnage détermine son destin. Mais dans les tragédies grecques, c’est différent : ça raconte comment des personnages tentent de façon cathartique d’échapper à la puissance des dieux."

David Simon, auteur de "Sur écoute"

à franceinfo

Si Sur écoute fait penser aussi à un documentaire, c’est grâce à la qualité des dialogues. Pour David Simon, ça vient de son passé de journaliste. "J'ai développé une assez bonne oreille sur la façon dont les gens parlent. Les scénarios, c’est à 80% des dialogues ! Le journalisme m’a ouvert sur le monde. Je n’aurais pas eu cette fenêtre sans cette profession."    

Sur écoute, cinq saisons à regarder sur OCS.