Vincent Peillon annonce 40.000 embauches de profs...avant d'avoir son budget
Ce n'était pas un chiffre lancé au hasard. Une
erreur, un emballement ou une promesse inconsidérée. Sur France Culture ce
matin c'est Vincent Peillon qui a livré ce chiffre conséquent. Il ne reprenait
pas un chiffre qu'on lui avait suggéré. Il l'avait bien en tête.
40.000 postes en 2013 qui viennent s'ajouter aux 1.000
recrutements pour cette rentrée 2012. Dans le détail cela ferait 22.000 départs
à la retraite qui seraient remplacés et 18.000 nouveaux postes créés. Le tout
en plein marasme économique. Mais voilà Vincent Peillon ne peut pas être contredit
dans le gouvernement puisqu'il s'agit d'une promesse de François Hollande, une
promesse de campagne. Parmi les engagements du candidat Hollande, il y avait la
création de 60 000 postes d'enseignants sur le quinquennat soit 12.000 par an. Pour
mémoire la droite avait supprimé 80.000 postes en 5 ans avec le non-remplacement
d'un fonctionnaire sur deux. C'est pour cela que depuis son arrivée au
ministère de l'éducation Vincent Peillon parle de réparation.
Avec la création de 40.000 postes d'enseignants dès
l'année prochaine. Vincent Peillon va plus vite, plus vite que prévu pour tenir
la promesse de François Hollande. Au moment où l'on parle d'économie. Cet empressement
est en fait stratégique. D'ailleurs le ministère qui a été contacté pour confirmer
les propos du ministre a involontairement révélé la stratégie de Vincent
Peillon. Au ministère de l'éducation nationale plutôt que de confirmer on dit
qu'il faut attendre la semaine prochaine et le projet de loi de finances 2013 pour
connaître le détail des 40.000 recrutements.
Vous l'avez compris au moment où chaque ministère se
bat pour son budget l'an prochain Vincent Peillon essaye de rafler la mise. Il
a de la chance puisque trois ministères seulement verront leur budget augmenter
l'année prochaine. La justice, l'intérieur, et donc le sien l'éducation
nationale. Comme dans toute bonne négociation, le ministère demande 40.000 pour
que Bercy soit coincé et avoir sûrement un peu moins à l'arrivée.
**Mais alors cela veut dire que
Vincent Peillon n'en a pas parlé à Matignon et à l'Elysée**
A l'Elysée nous avons eu le droit à un poli "pas
de commentaire". A Matignon on reconnait que l'on n'était pas prévenu
de cette annonce mais le Premier ministre n'aurait pas crié au couac. Vincent
Peillon est peut-être allé un peu vite indique-t-on dans l'entourage de
Jean-Marc Ayrault pour qui avant l'annonce du budget normalement on ne donne
pas de chiffre. Je vous rappelle que François Hollande avait dit lors des derniers
conseils des ministres qu'il ne voulait plus de ministres qui jouent leur
partie en solo. Mais il reste une question : comment ces postes seront-ils
financés?
Alors c'est une question à 7 milliards et demi
d'euros selon Jean-François Copé qui a fait ses calculs. Le secrétaire général de l'UMP candidat à la
Présidence de son parti en appelle au Président de la République. Une réaction qui résume un sentiment largement
partagé à droite. Hervé Morin du Nouveau Centre accuse Vincent Peillon de
confondre quantité et qualité. La droite, ce n'est pas nouveau, prône des
réformes de structures dans l'éducation nationale. Nicolas Sarkozy a fait campagne sur un slogan : "moins
de profs mais mieux payés". C'est terminé.
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