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Transparence : un verre à moitié vide est-il plus transparent que le verre à moitié plein ?

Gouvernement et majorité se sont finalement entendus sur la meilleure façon d'assurer la transparence de la vie publique. Le texte sera examiné dès lundi prochain. Il est moins spectaculaire que ce qu'avait annoncé François Hollande, mais le gouvernement et sa majorité sont persuadés qu'il sera efficace.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La transparence de la vie politique, cela faisait partie du projet
de François Hollande. Mais l'affaire Cahuzac a encouragé des annonces et des
mesures spectaculaires. D'abord, l'exposition aux yeux de tous, de tous les détails du
patrimoine des ministres. Jusqu'au prix des bagues ornant les doigts des femmes du gouvernement
Ayrault. Et puis, la promesse d'en savoir tout autant sur les biens
des élus. Mais après avoir assisté avec effroi au palmarès du ministre
le plus riche, ou au contraire, du plus cigale du gouvernement, les députés socialistes
ont freiné des quatre fers.

Oui à la transparence, mais non au voyeurisme. Ils en ont fait une question de principe.

Et ils ont obtenu gain
de cause
.

Effectivement. Si l'on compare entre les annonces et le
résultat, à la façon d'un notaire, le texte va moins loin. Il n'y a quasiment pas plus d'incompatibilité entre la
fonction de parlementaire et certaines professions. Un député peut toujours être
avocat. Contrairement à celui de l'exécutif, le patrimoine des élus
ne sera pas rendu public. Ce constat, presque mathématique, autorise l'ancien ministre
UMP Bruno Le Maire a noté sèchement la copie de la majorité, une "demi
mesure" selon lui. Pour Bruno Le Maire  François Hollande "a menti". Mais ce n'est pas l'opinion des socialistes, ni celle de ses
collègues UMP.

Car l'UMP votera
contre ce texte. Ainsi que le Front National.

  Là où Bruno Le Maire reste sur sa faim, c'est déjà trop pour
Christian Jacob. Le président du groupe UMP à l'Assemblée dénonce du " voyeurisme ",
et s'indigne du fait que pour un parlementaire continuant à exercer sa
profession en plus de son mandat, ses revenus ne puissent dépasser 50% de son
indemnité.

Le verre peu rempli de Bruno Le Maire, est déjà trop plein
pour Christian Jacob.

Mais le distinguo existe aussi, même si c'est bien plus
discrètement, au sein de la majorité. Certains ministres ou députés, plutôt du coté de la jeune
génération, confient leur déception hors micro.Mais les plus aguerris mettent l'efficacité en avant.

Et de ce point de
vue, pour eux, le verre est bien plein.

 

Ce texte "fera date", René Dosières, le
pourfendeur des pratiques opaques, l'assure. Alain Vidalies, le ministre en charge du dossier renchérit. Les patrimoines ne seront pas rendus publics, ce serait du
voyeurisme. Mais ils seront à disposition de tout citoyen de la même circonscription.
Lequel disposera d'un droit d'alerte. Tout un chacun pourra saisi la haute
autorité de la transparence, ou n'importe quelle association anti-corruption
agréée, s'il nourrit le moindre doute. Ce droit d'alerte aurait permis au détenteur de l'enregistrement
de Jérôme Cahuzac de saisir la haute autorité. Laquelle désormais pourra utiliser
les services fiscaux et saisir toutes les banques suisses, sans nécessité de
préciser ses soupçons.

Quant aux conflits d'intérêts, les parlementaires devront
déclarer toutes leurs activités annexes à leur mandat. Déclarations soumises au
contrôle de la Haute autorité. Seule la pratique permettra de juger l'efficacité et le
portée réelle de ces mesures. Mais sur le plan politique, elles constituent déjà une
réponse aux affaires qui s'accumulent à la une des journées.

La gauche a souffert de l'affaire Cahuzac, la droite assiste
aux rebondissements des affaires Tapie et Guéant.

Une succession face à laquelle il semble difficile,
politiquement, de dire que le statu quo est une bonne chose.

 

 

 

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