Ségolène Royal ou comment renaître de ses cendres
La couverture de l'ouvrage donne le ton . Sur un fond bleuté, les yeux fermés, Ségolène
Royal éclate d'un rire intérieur que l'on devine puissant.
Nous nous souvenions de ces larmes le soir de
la primaire socialiste. Nous nous souvenions de son regard perdu, en découvrant
le tweet de Valérie Trierweiler avant sa défaite politique aux dernières
législatives. Et revoilà Ségolène Royal ! Souriante. Forte. Forte, de sa défaite. Avec un nouveau mot accroché à son identité politique :
le courage. Car évidemment, quand Ségolène Royal dresse le
portrait de ceux qu'elle nomme des " passeurs de courage ", des
figures exemplaires qui ont su transcender l'adversité, elle parle d'elle-même.
Car
il s'agit d'un livre politique, pour accompagner le retour de Ségolène Royal sur
le devant de la scène.
Evidemment, et l'ancienne candidate à la présidentielle
fait montre d'une belle habileté politique. Avec cet ouvrage, elle offre un remède, un
espoir, " aux Français qui souffrent ", au lieu du sempiternel livre-programme
auxquels les déçus de la politique ne croient plus guère. Au lieu d'un discours
pédagogique, Ségolène Royal offre un tempérament. Son originalité, en cette période de crise
déprimante, c'est de proposer un viatique optimiste. Un peu " faites comme
moi, armez vous de courage, et cela ira mieux ".
Evidemment, ses détracteurs dénonceront le
coté christique de sa démarche. Mais Ségolène
Royal s'enrichit justement, des procès en anti-conformisme.
Cela
reste quand même un livre très politique.
Bien sûr. Le livre sort mercredi prochain, et Ségolène
Royal est déjà invitée de tous les plateaux médiatiques. Dans sa lettre à ses supporters de " Désirs
d'Avenir ", elle assure que son livre n'a rien de polémique. Mais la femme politique est légitime pour
livrer des conseils ou des analyses. Le portrait du président Roosevelt, l'homme du
new Deal aux Etats-Unis est éloquent. Bien sûr, elle commence par vanter son courage
face à la maladie. Mais son tempérament politique passionne Ségolène Royal. Comment ne pas penser à François Hollande quand
elle décrit le président américain voulant " mener de front relance et réforme ".
Certes, elle semble ainsi donner raison à l'actuel
président, elle l'encourage même à se montrer rusé : " Roosevelt
peut hésiter, louvoyer, manipuler " remarque Ségolène Royal, mais,
précise-t-elle : " il tient la lenteur en temps de crise comme
un crime politique ". Dans le quotidien le Monde cet après midi, elle précise, à propos de François
Hollande : " il aurait fallu aller beaucoup plus vite ". A
ses yeux, le chef de l'Etat doit donc forcer l'allure.
Ségolène
Royal qui se montre critique donc, mais qui reste positive ?
C'est son intention. Donner des solutions, des
idées, de l'énergie. Elle n'est pas pressée. Son entrée au gouvernement
n'est " pas d'actualité ", elle veut mettre la Banque Publique d'investissement
" sur les rails ". Mais il faut restructurer Bercy selon elle. Ségolène
Royal apparaît prête à s'illustrer dans trois domaines : la moralisation de la
démocratie, la mutation écologique, l'économie sociale et solidaire. Avec cette série de portraits, Ségolène Royal tente
tout simplement de démontrer que son état d'esprit est indispensable dans un dispositif
où les tempéraments font défaut.
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