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Édito
Réforme des retraites : le gouvernement s'est pris la main dans la droite

Alors que les syndicats mobilisent aujourd’hui pour la sixième fois contre la réforme des retraites, la discussion du texte se poursuit au Sénat… L'édito politique de Renaud Dély.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La Première ministre Elisabeth Borne (à droite) et le ministre du Travail Olivier Dussopt (à gauche) assistent à une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 28 février 2023. Photo d'illustration. (BERTRAND GUAY / AFP)

La droite est bien en train de retrouver un premier rôle et d'annexer la réforme des retraites pour en faire une "réforme de droite". Au Sénat, la droite est majoritaire : c’est donc elle qui donne le ton. Le débat avance lentement, à un train de… sénateurs, évidemment, mais un peu plus rapidement qu’à l’Assemblée où l’obstruction des députés insoumis l’avait bloqué dès l’article 3. Cette fois, le fameux article 7, celui qui reporte l’âge légal de départ en retraite de 62 à 64 ans, devrait être bientôt soumis au vote. Et il n’y a pas grand suspense puisque les sénateurs LR votent, chaque année, le même amendement.

>> DIRECT. Réforme des retraites : les sénateurs vont examiner le recul de l’âge légal à 64 ans ce mardi
   
C’est donc la droite qui fera la décision sur l’ensemble du texte, et ce n’est pas très confortable pour le gouvernement. D’abord parce qu’alors que le ministre du Travail, Olivier Dussopt répète que sa réforme est "de gauche", les sénateurs LR veulent en faire une vraie réforme… de droite ! C’est logique. Et ils s’appliquent...

Ils ont d’abord adopté un amendement pour obliger l’exécutif à remettre au Parlement avant le 1er octobre un rapport pour ajouter une dose de retraite par capitalisation. Et puis ils veulent remettre en cause la fameuse clause du grand-père pour accélérer la suppression des régimes spéciaux. De quoi mettre un peu plus d’huile sur le feu déjà bouillant du climat social… 

L'exécutif pris à son propre jeu

Le gouvernement n’a pas beaucoup de marge de manœuvre. Il a voulu instrumentaliser la droite, et s’est un peu piégé tout seul. D’abord, parce que les députés LR sont tellement divisés que l’exécutif n’est pas certain de disposer d’une majorité absolue à l’Assemblée. Et il pourrait être contraint de recourir au 49-3. Et puis, si les grèves se prolongent, si les blocages durent, en particulier dans les transports, la droite peut espérer profiter du mécontentement des usagers.

Favorable à la réforme, mais hostile au gouvernement, elle reprendrait alors sa posture traditionnelle de parti de l’ordre. C’est pour ça que la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a annoncé hier porter plainte contre le député Insoumis Louis Boyard qui exhorte sur les réseaux sociaux au blocus des lycées et universités. À force de négliger le dialogue avec les syndicats, y compris réformiste comme la CFDT, et de lui préférer un accord avec les Républicains, l’exécutif s’est mis dans la main de la droite. Il a lui redonné un peu d’oxygène et même… une utilité.

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