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Primaire à gauche : Hollande recadre fermement

François Hollande ne veut pas entendre parler d’une primaire pour 2017. Aujourd’hui, le chef de l'Etat a été obligé de le dire, à l’Elysée, au conseil des ministres. Depuis le dernier remaniement, il n’y avait pas eu de recadrage aussi ferme.
Article rédigé par Olivier Bost
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (© RF/ Nathanaël Charbonnier)

La voix d’un secrétaire d’état est venue amplifier, de manière terrible, une petite musique qui revient de plus en plus : il faudrait une primaire pour déterminer qui sera le meilleur candidat en 2017 pour la gauche. Un membre du gouvernement estime donc qu’il  n’est pas si évident que François Hollande soit le candidat naturel du PS. Ce secrétaire d’état,  c’est Thierry Mandon.

Pour mémoire, voici ce qu’il a dit, pas plus tard que mardi sur Public Sénat : 

Un nouveau 2002?

Et la théorie de Thierry Mandon est assez simple. S’il n’y a pas de primaire,  il y aura une gauche divisée au premier tour de l’élection présidentielle. Le risque : c’est un nouveau 2002, que la gauche soit absente du second tour. C’est un raisonnement de bon sens, semble-t-il, mais il arrive beaucoup trop tôt.

Pourquoi ? Parce qu’il fragilise terriblement François Hollande. Il reste au chef de l’état un peu moins de deux ans d’exercice du pouvoir puisqu’après nous serons dans la campagne présidentielle. Et si pendant deux ans la seule question qui se pose c’est de savoir qui pourrait bien être meilleur que lui pour représenter la gauche, c’est mortifère. Cela revient à l’affaiblir, encore plus qu’il ne l’est aujourd’hui. 

 En clair, ça le réduit quasiment à attendre son successeur. C’est pour cela que la déclaration de Thierry Mandon a fait autant de mal, et qu’elle a obligé François Hollande à tenter de stopper ce débat. C’est le porte-parole du gouvernement, le ministre Stéphane Le Foll, qui a résumé le contenu du conseil des ministres d’aujourd’hui. 

Stéphane Le Foll recadre Thierry Mandon

Si vous regardez bien, ce n’est pas le premier accrochage, ou couac depuis les débuts du gouvernement Valls 2. Mais jusque là, c’est la parole du chef de l’état qui avait été mise en doute ou contestée, comme par exemple dernièrement sur les hausses d'impôts avec le secrétaire d’état au budget, Christian Eckert. 

Ce qui s’est passé cette semaine est plus grave. C’est la légitimité pour la prochaine élection du Président de la République qui a été mise en doute. Cela explique la réaction, forte, en conseil des ministres. 

 

Il n’y a pas que François Hollande qui a réagi

 

Il faut bien regarder "qui joue quoi" dans ces déclarations. Thierry Mandon - pour commencer par lui - a toujours eu une parole assez libre. Il est plutôt proche de Manuel Valls et d’Arnaud Montebourg. Il y a bien sûr une partie de la gauche du PS qui pense ouvertement que François Hollande est complètement démonétisé pour 2017. 

L’ancien ministre Benoît Hamon par exemple a encore répété ce matin qu’il fallait une primaire valable pour les sortants. Tout ça ressemble aussi fortement à un tour de chauffe pour le Congrès du Parti socialiste dans un peu plus de 6 mois. 

Et puis il y a dans ce concert, des écolos comme Jean-Vincent Placé, déjà candidat à une primaire ouverte. En se disant qu’il pourra ainsi peser ensuite, et que cela peut aussi contrarier les ambitions de Cécile Duflot. Mais malgré toutes ces voix qui poussent François Hollande a retourné dans l’arène avant la grande élection, il y a quand même une majorité de ministres et de responsables socialistes qui pensent que cela ne se pose absolument pas en ces termes. 

L’équation serait beaucoup plus simple : ou bien François Hollande sera en capacité de se représenter - il aura notamment, comme il s’y est engagé, des résultats sur le chômage - ou alors il n’est pas candidat et il y aura une primaire. C’était presque le point de vue défendue ce matin par la ministre Marylise Lebranchu. 

 

Maralyse Lebranchu n'imagine pas un autre candidat que François Hollande

 

La ministre Marilyse Lebranchu a donc dit tout et son contraire en une phrase. Et c’est bien ce que voulait stopper fermement aujourd’hui François Hollande. 

 

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