Présidentielle 2022 : à qui profite le bras de fer entre Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon ?
A gauche, il y a un duel qui fait rage à trois semaines du premier tour de la présidentielle. Et la question est de savoir ce qu'il peut sa passer pour l'entre-deux tours.
A la suite de la publication de cet édiorial le 18 mars 2022, Jean-Luc Mélenchon a souhaité exercer son droit de réponse. Voici le texte qu'il nous a fait parvenir via son avocat. "Les positions de Jean-Luc Mélenchon, telles qu'exposées dans cet article, ne reflètent pas la réalité de son programme. Ainsi, il est affirmé que la police et la sécurité n'en faisaient pas partie. Or, le programme sécurité de Jean-Luc Mélenchon a été reconnu par des observateurs comme le plus détaillé et le plus fouillé de cette campagne. De même, l'article oppose le concept de créolisation et le drapeau bleu blanc rouge. Les meetings de Jean-Luc Mélenchon sont pourtant remplis de drapeaux nationaux quand son discours parle de la créolisation. Enfin, il est affirmé que Jean-Luc Mélenchon cherche à 'satisfaire des revendications communautaristes' alors que son programme défend strictement la laïcité dans la tradition républicaine de la loi de 1905."
C'est un duel à couteaux tirés. Celui qui oppose le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon et le candidat communiste Fabien Roussel. Les deux candidats se rendent coup pour coup, parce que l’enjeu est d’importance : la qualification pour le second tour de la présidentielle.
En effet, si on regarde la dernière livraison de notre sondage "rolling" de l’institut Ipsos, on voit que Jean-Luc Mélenchon se classe en troisième position, à 12% d’intention de vote. Loin, très loin d’Emmanuel Macron, 31%, mais à 3 points et demi seulement de la deuxième place, occupée par Marine Le Pen, avec 15,5%. Et 3,5%, c’est précisément l’intention de vote attribuée à Fabien Roussel.
Jean-Luc Mélenchon, en progression lente mais régulière dans les sondages, ne cesse donc d’en appeler à ce qu’il appelle le "vote utile" à gauche. Il rappelle qu’en 2017, comme en 2012, le PCF le soutenait. Et il tente de repeindre Fabien Roussel en diviseur.
Que disent les chiffres ?
En matière de ralliement électoraux, un plus un, ça ne fait pas toujours deux. Ca peut faire beaucoup moins. Et les exemples sont légion. En 2017, le ralliement de l’écologiste Yannick Jadot à Benoit Hamon n’avait pas empêché le socialiste de plonger. Surtout que dans le cas présent, entre Mélenchon et Roussel, un gouffre idéologique s’est creusé au fil des mois sur de nombreux sujets.
Le nucléaire, Roussel est pour, Mélenchon veut en sortir ; la sécurité dont Roussel fait une priorité quand Mélenchon fustige les violences policières ; le drapeau bleu blanc rouge brandi par Roussel pendant que Mélenchon développe son concept de "créolisation" ; ou encore la laïcité, un totem pour le candidat communiste alors que l’Insoumis s’en éloigne pour satisfaire des revendications communautaristes.
Deux gauches différentes et irréconciliables ?
On peut presque parler de "deux gauches irréconciliables", selon la formule consacrée : l’une républicaine et universaliste, l’autre plus écolo, mouvementiste, parfois d’inspiration indigéniste.
Dans les sondages, il n’y a pas vraiment de vase communicant entre les deux. Mélenchon progresse sans que Roussel recule, et le communiste n’avait pas percé au détriment de l’Insoumis. Deux rivaux qui partagent quand même un objectif commun : ramener aux urnes des abstentionnistes qui ne votent plus depuis longtemps. Un électorat plutôt jeune et issu de banlieues pour Mélenchon, des classes populaires de la France périphérique pour Roussel.
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