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Pour une opposition co-responsable : le credo Bayrou

Pendant que l'UMP se déchire, la vie économique et politique continue, avec son lot de mauvaise nouvelle. Notamment, l'explosion du chômage annoncée hier. Ce contexte doit faire évoluer la nature de l'opposition. C'est l'opinion de François Bayrou, qui était votre invité Marie-Eve Malouines, lors de l'émission "questions d'info", sur la chaîne parlementaire, avec le Monde et l'AFP.
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Cela fait 10 ans que François Bayrou annonce le pire. 10 ans qu'il prédit la disparition des clivages politiques traditionnels.
Le président du MoDem a jeté toutes ses forces dans cette recomposition autour
du centre. Il les a toutes perdues.                                                   Battu aux dernières législatives. Solitaire. Il n'a pourtant
rien cédé de ses convictions. Au contraire. Car le pire est à venir, selon François
Bayrou. "Hier sont sortis les chiffres du chômage, les
chiffres du chômage disent qu'on a eu en 2 mois 100
000 chômeurs absolus, chômeurs à temps plein, de plus, ça veut
dire 1000 par département moyen en France. Et ça n'est que le début de ce que
nous allons vivre, Il y a des causes mécaniques pour que le chômage continue à
augmenter.
"*** Car les plans sociaux annoncés aujourd'hui gonfleront les
chiffres de demain. Dans ce contexte, pour le centriste du MoDem, il est temps
que les responsables politiques sortent
du traditionnel clivage entre majorité et opposition. Celui qui veut croire que
l'opposition est là pour s'opposer, et la majorité pour approuver. "
Il faut que nous ayons en tête tous que la situation
du pays, nous en sommes responsables, pas l'idée qu'on est dans l'opposition
donc on dézingue tout ce qu'il se fait, et ceux qui sont dans la majorité
considèrent que les opposants sont des ennemis. C'est fini ça. Le moment est
trop grave pour qu'on continue avec ces jeux. * "

Des jeux qui rappellent les disputes internes à l'UMP, dont François
Bayrou ne veut pas se mêler. Implicitement, il critique la posture de Jean-François Copé,
qui prône une opposition de combat, et se montre plus conciliant vis-à-vis de l'attitude
qu'il juge plus rassembleuse de François Fillon. Mais il ne dit mot de Jean-Louis
Borloo, dont le mouvement accueille à bras ouverts les déçus de l'UMP. François Bayrou préfère envisager une recomposition qui le place
au centre du jeu ... recomposition qui lui parait de plus en plus
inéluctable. "tout ça doit nous conduire à une recomposition. Il va
falloir que les gens, il va falloir très vite, je ne sais pas si c'est en
termes de semaines ou en termes de mois, mais il va falloir très vite que
l'action nécessaire à conduire pour redresser la France suscite un accord des
forces politiques responsables pour qu'on se mette tous ensemble, souder, à prendre
et à soutenir les décisions qui peuvent seules permettent à la France de s'en
sortir
." Lui-même François Bayrou a déjà applaudi les propositions de
François Hollande. Il scrute leur mise en œuvre et espère d'autres économies
dans les dépenses.

L'essentiel cependant, se joue sur le plan politique, avec l'introduction
d'une dose de proportionnelle aux législatives. Ce mode de scrutin permettrait de diversifier les points de
vue et d'encourager des prises de positions plus vaillantes. "Le courage a sa place dans la vie politique parce
qu'il y a un mode de scrutin qui fait que vous conservez une expression, même
si vous ne gagnez pas les élections. Il est pour moi inacceptable que les
minoritaires soient exclus de la vie politique française. Et des minoritaires
qui ne pèsent pas rien. Si vous additionnez non seulement en 2012, mais dans
les élections précédentes les scores obtenus par, Dieu sait qu'ils n'ont pas
les mêmes opinions, par le Front national, par le centre, et par la gauche de
la gauche, aux dernières élections, Marine Le Pen, Mélenchon et moi, si vous
additionnez ces scores, vous arrivez à 40% des voies. Ces 40% d'électeurs, ils
sont exclus de la vie politique nationale à l'Assemblée, au Parlement. Est-ce
que c'est normal ? C'est inacceptable
."

François Bayrou en parlera de vive voix avec François
Hollande. Le président du MoDem doit rencontrer le chef de l'Etat à la fin de
la semaine, dans le cadre des consultations sur la modernisation de la vie politique.

François Bayrou invité de "questions d'info" sur La
Chaîne Parlementaire, avec le monde l'AFP et France Info. L'intégralité de cet
entretien est diffusée à 19h30 sur
la chaîne câblée.

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