Négociations avec La France insoumise : la voie est étroite pour le PS
Après les écologistes, les communistes ont signé mardi 3 mai un accord électoral avec les Insoumis. Mais les socialistes rechignent toujours.
Entre les Insoumis et les socialistes, les discussions sont plus difficiles parce que le PS est au bord de l’implosion. Mardi, l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve a annoncé qu’il quitterait le PS si ses dirigeants "oublient ce qui le fonde et perdent leur boussole du socialisme républicain" en s’alliant aux Insoumis. L’ancien Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis est tout aussi hostile à cet accord, sans parler de François Hollande ou Anne Hidalgo. Enfin, des centaines de cadres et d’élus locaux rassemblés par l’opposante au Premier secrétaire Olivier Faure, la maire socialiste de Vaulx en-Velin, Hélène Geoffroy, ont signé un appel pour s’indigner de cette éventuelle alliance et appeler à consulter les militants.
Quelques couleuvres difficiles à avaler pour les socialistes
Il y a d’abord l’attitude de Jean-Luc Mélenchon. Il a combattu sans relâche les socialistes au pouvoir de 2012 à 2017 sous le quinquennat de François Hollande. Il a ensuite méprisé les partis de gauche en 2017 et récusé le mot même de "gauche", qu’il jugeait vide de sens. Après avoir imposé son leadership à la présidentielle, il veut maintenant avaler une gauche trop faible pour lui résister. Comme humiliation, c’est assez réussi…
Sur le fond, il y a l’engagement européen, la possibilité de "désobéir", dans certains cas, aux règles de l’Union européenne, un tête-à-queue historique pour un parti jusque-là toujours attaché à la construction européenne. Il y a la politique internationale, la sortie de l’Otan ou le refus d’aider militairement l’Ukraine prônés par Jean-Luc Mélenchon. Il y a aussi une reprise en main spectaculaire de l’économie par l’Etat qui va à l’encontre des propositions et de la pratique au pouvoir des socialistes avec les nationalisations des banques, d’EDF, d’Engie, des autoroutes ou encore des aéroports. Sans oublier le retour à la retraite à 60 ans pour tous. Jusque là, le PS était favorable au maintien à 62 ans.
En cause : l'existence même du PS
Au fond, les socialistes qui combattent cet accord refusent un tournant historique qui les conduirait à rompre avec la culture de gouvernement qui leur a permis de gérer le pays pendant 20 des 40 dernières années. Le poids électoral du PS est quand même plus élevé que le score d’Anne Hidalgo. Et ses électeurs attachés à une forme de réalisme et surtout à l’engagement européen pourraient lui tourner le dos et rallier à leur tour Emmanuel Macron.
Au fond, réduit à l’état groupusculaire et, soumis aux Insoumis, c’est l’existence même du PS qui serait en cause.
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