Marine Le Pen peut-elle encore gagner l’élection présidentielle ?
Ces derniers jours, l’écart s’est creusé dans les sondages au profit d’Emmanuel Macron.
Une victoire de Marine Le Pen, dimanche 24 avril, est politiquement improbable, car au lendemain du débat télévisé où elle a été nettement dominée par le chef de l'État, la candidate d’extrême droite a encore perdu du terrain. Elle accuse désormais 15 points de retard dans la dernière livraison de notre partenaire Ipsos-Sopra Steria : 42, 5 % d’intentions de vote contre 57, 5 % pour Emmanuel Macron. Jamais un candidat disposant d’une telle marge trois jours avant l’échéance n’a perdu le scrutin.
Mais cela reste statistiquement possible. D’abord parce qu’une part croissante des électeurs se décident le tout dernier jour. Dans notre sondage, 42 % de ceux qui disent vouloir voter blanc ou nul affirment pouvoir changer d’avis. Pour l’emporter, Marine Le Pen doit mobiliser une partie des abstentionnistes du premier tour, et une frange significative pourrait se déplacer au dernier moment. Elle doit bénéficier aussi de reports significatifs d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon : dans notre enquête, 18 % d’entre eux opteraient pour elle malgré les appels répétés du candidat insoumis à ne pas lui donner une voix. Enfin, elle doit espérer une abstention massive du reste des Insoumis. Elle s’efforce donc de se montrer inoffensive, pour ne surtout pas les inciter à aller glisser un bulletin Macron pour faire barrage à l’extrême droite.
Le principal danger pour le chef de l’Etat, ce serait une démobilisation de son électorat qui croirait la victoire acquise. Il répète donc que rien n’est joué. On a vu les conséquences d’un tel phénomène lors du référendum sur le Brexit ou de la victoire de Donald Trump, deux scrutins aux résultats surprises mais aux lourdes conséquences sur l’Europe et le monde.
En cas de défaite, quel avenir pour Marine Le Pen ?
Tout dépend de l’ampleur de ce qui serait son troisième échec consécutif. Une large défaite réveillerait la contestation dont elle est l’objet au sein de l’extrême droite, en particulier du côté du mouvement Reconquête d’Eric Zemmour, et la conviction qu’elle ne pourra jamais l’emporter. À l’inverse, une défaite étroite, avec au moins 46, 47 voire 48 % des voix, l’inciterait sans doute à repartir à l’assaut.
Ces dernières semaines, Marine Le Pen ne disait plus envisager de jeter l’éponge. Pourquoi pas une quatrième candidature dans cinq ans ? Après tout, celui qui lui a légué son parti, son père Jean-Marie Le Pen a bien concouru à cinq reprises. Et en 2027, on ne fêtera guère que le 53e anniversaire de la première candidature Le Pen à la présidentielle
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