Lionel Jospin au Conseil constitutionnel, fin de vieilles histoires
Dans cette scène à l’Elysée, ce sont effectivement beaucoup d’histoires, de destins et de réconciliations socialistes qui se jouent. Pour la petite histoire, d’abord, c’est Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale qui a soumis le nom de Lionel Jospin pour entrer au Conseil constitutionnel pour succéder à Jacques Barrot, mort le 3 décembre dernier. Claude Bartolone a été ministre de la Ville de Lionel Jospin entre 1998 et 2002. Claude Bartolone, c’était aussi et surtout l’ami de Laurent Fabius en 1990, lors du congrès de Rennes, lorsque les fabusiens et les jospinistes se sont bagarrés, lorsque le PS s’est divisé à mort. On revient de loin… Et j’en ai pas fini avec le passé.Ce mardi soir, Lionel Jospin prête serment devant François Hollande et l’histoire de ces deux-là est également jalonnée de rivalités et de malentendus.
Hollande et Jospin, une longue histoire
Remontons ensemble au siècle précédent, au moment où se joue la succession de François Mitterrand. Le jeune François Hollande fait partie depuis les années 80 des plus fervents supporters de Jacques Delors. Une attention qui explique encore aujourd’hui la haine que lui voue Martine Aubry. François Hollande fonde tous ses espoirs pour la présidentielle de 1995 dans le président de la Commission européenne. On se souvient de la suite. Quand Jacques Delors renonce à la télévision un dimanche soir, François Hollande se retrouve sans mentor. Il se placera alors dans le sillon de Lionel Jospin. Après la défaite face à Jacques Chirac, Lionel Jospin redevient Premier secrétaire du PS et nomme François Hollande porte-parole du parti.
C’est le début d’une longue histoire puisque, deux ans plus tard, quand Lionel Jospin devient Premier ministre de cohabitation.
Il confie le parti socialiste à François Hollande. Le nouveau premier secrétaire n’est pas seulement chargé de tenir la rue de Solférino. Il sera de toutes les réunions importantes, de celles où se prendront les grandes décisions de Matignon. Il y a quand même deux malentendus. François Hollande espérait à un moment ou à un autre entré au gouvernement. Ce ne sera jamais le cas et c’est pour ça que François Hollande n’aura jamais été ministre avant de devenir chef de l’État. Deuxième malentendu, pendant la présidentielle de 2002. François Hollande tentera bien en vain de peser sur la mauvaise campagne du Premier ministre, mais rien n’y fera.
Le 21 avril fatal à Lionel Jospin
Et c’est le dernier malentendu entre les deux hommes. En 2007, Lionel Jospin attend que celui qui tient toujours les rênes du parti, François Hollande, le rappelle. Le come-back n’aura jamais lieu et c’est Ségolène Royal qui doublera tout le monde. Nous connaissons tous la suite. Il n’empêche, à travers toutes les années, il reste que Lionel Jospin fait partie des mentors politiques et moraux de l’actuel chef de l’État. A travers la cérémonie à l’Élysée ce mardi soir. C’est aussi cela qui sera salué, la fameuse rigueur et droiture morale. D’autres diront la raideur et l’austérité de l’ancien Premier ministre.
Lionel Jospin bientôt président du Conseil constitutionnel ?
Pourquoi Lionel Jospin se retrouve-t-il aujourd'hui au Conseil constitutionnel ? François Hollande, qui fait de la politique, a choisi de "caser" au conseil constitutionnel un homme de gauche qui peut peser autour d’une table. Pour l’instant, majoritairement nommée par la droite. Même si les sages sont tenus au secret et qu’ils sont censés être au-dessus de la politique politicienne, leurs convictions pèsent forcément au moment où il s’agit de censurer un gouvernement. Les choses vont d’ailleurs continuer d’évoluer. L’année prochaine, trois sièges seront renouvelés, deux seront nommés par la gauche, un par la droite. Les équilibres vont changer. Et il reste une question,une rumeur qui court.
Quand Jean-Louis Debré laissera sa place l’an prochain, François Hollande pourrait désigner Lionel Jospin président du Conseil constitutionnel. L’hommage du chef de l’État à l’ancien Premier ministre n’ira probablement pas jusque là. Lionel Jospin, 77 ans, est juge constitutionnel pour cinq ans puisqu’il termine le mandat d’un sage. François Hollande devrait donc lui préférer un nouveau sage, un président désigné pour neuf années. Et quatre années de plus, dans les années qui viennent… ça compte.
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