Législatives : la Nupes, 650 propositions... et quelques désaccords
La Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) a dévoilé un programme de rupture pour les législatives, avec des "nuances" entre les partenaires.
Jean-Luc Mélenchon a présenté le programme de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), jeudi 19 mai, avec les partenaires de LFI : EELV, PS, PCF et Générations. Est-ce que la gauche est vraiment prête à gouverner ? En tous cas, c’est l’image qu’elle veut donner. Avec un Premier ministre déjà connu, c’est dans l’accord à défaut d’être dans la Constitution : ce sera Jean-Luc Mélenchon ! Il répète qu’Elisabeth Borne n’est qu’une intérimaire qui lui cèdera bientôt la place. Et il a donc présenté 650 mesures pour un programme de rupture, non seulement avec le quinquennat d’Emmanuel Macron mais aussi avec les précédents.
Rupture sur le plan économique et social, d’abord, avec un vaste plan de nationalisation des banques, des aéroports, des autoroutes, d’EDF et d’Engie. La retraite à 60 ans pour tous au bout de 40 annuités, le passage aux 32 heures hebdomadaires pour les métiers pénibles, la sixième semaine de congés payés, ou encore la titularisation de tous les contractuels qui travaillent pour la fonction publique. Cela fait 1,125 million de fonctionnaires en plus.
"Pas plus radical" que le programme commun de la gauche en 1981
Tout cela a un coût et le financement du programme n’est pas précisé dans le document. Rien que la renationalisation des autoroutes, c’est 30 à 40 milliards. Lors de la présidentielle, le candidat Mélenchon évaluait le coût de son projet à 250 milliards d’euros par an. Là, c’est à peu près le même. Sur le papier, les hausses d’impôt et les hypothèses de relance de l’activité et de la consommation en couvrent à peine plus de la moitié.
Ce qui surprend à la lecture de ce programme, c’est que si tous se sont ralliés à la désobéissance aux traités européens, chacun des partenaires des "insoumis" a tenu en revanche à lister de nombreux désaccords – une quarantaine –, et sur des sujets essentiels : le PCF s’oppose à la sortie du nucléaire, le PS refuse la suppression des subventions à l’école privée, l’amnistie de tous les "gilets jaunes", ou la sortie de l’OTAN. A l’inverse, conter l’avis des "insoumis", les socialistes prônent, avec les verts, le renforcement de la défense européenne, un embargo immédiat sur les importations de gaz russe et l’intensification des livraisons d’armes à l’Ukraine. Bref, c’est un peu un accord à la carte et si cette coalition arrive au pouvoir, on peut douter de sa capacité à rester durablement unie.
La Nupes répète que son programme n’est pas plus radical que celui qui a conduit François Mitterrand au pouvoir. Et c’est vrai, mais c’était il y a 41 ans... Et après 1981, il y eut 1983, le tournant de la rigueur pour sauver le pays de la faillite, et la désillusion de celui que l’on appelait le "peuple de gauche". En se rangeant derrière le parti, et le programme, le plus radical de l’alliance, la gauche cultive une sorte de nostalgie qui réveille l’enthousiasme militant. Mais semble l’éloigner de la culture de gouvernement.
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