Législatives 2022 : derrière la querelle des chiffres, la stratégie de Jean-Luc Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon répète que la Nupes est arrivée en tête en voix au premier tour des élections législatives et il dénonce une "manipulation" du ministre de l’Intérieur. Mais qu’y a-t-il derrière cette querelle de chiffres ?
Derrière cette guerre des chiffres, il y a évidemment une stratégie politique. Si le différend porte sur le classement de quelques milliers de suffrages, sur le fond, ça ne change rien au rapport de forces.
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Alors, si Jean-Luc Mélenchon en fait toute une affaire, c’est d’abord pour se victimiser en cible de Gérald Darmanin, sa bête noire et celle d’une partie de l’électorat jeune qu’il espère mobiliser. Mais au-delà, il jette l’opprobre sur la validité du processus électoral.Lundi, devant une nuée de caméras, Jean-Luc Mélenchon a pris un air mystérieux pour dire ceci : "On ne peut pas avoir des moeurs de République bananière. Ca interroge sur ce qui s’est passé avant. Est-ce que ça a déjà été le cas dans d’autres élections ? On a un gros doute maintenant sur ce qu’ils sont capables de faire pour manipuler les résultats…"
La rumeur
S'il n'accuse pas directement, il laisse toutefois entendre que le pouvoir a déjà truqué des élections. C’est beaucoup plus habile. Il n’y a aucun fait, Jean-Luc Mélenchon n’évoque rien de précis, il sème le doute, c’est tout. Lundi, il a fait la même chose avec le vote électronique utilisé par quelques milliers d’électeurs parmi les Français de l’étranger. "Qui contrôle ? Personne n’en sait rien…", dit-il.
La rumeur, c’est le carburant du complotisme. Ce n’est pas la première fois que Jean-Luc Mélenchon y cède. En 2017, lorsqu’il est arrivé en 4e position de la présidentielle, il a d’abord refusé de reconnaître sa défaite pendant de longues heures. Et puis il y un an, sur franceinfo, il avait lancé : "Dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meurtre pour montrer du doigt les musulmans, c’est écrit d’avance…". Comme précédent, il avait même cité les attentats de Mohammed Merah il y a dix ans.
Cette stratégie de victimisation fait-elle l’unanimité au sein de la Nupes ?
Non, les Insoumis font bloc autour de leur chef bien sûr, mais certains socialistes et écologistes jugent qu’il en fait un peu trop. Y compris par la façon dont il continue de s’en prendre aux journalistes qui lui déplaisent. "Ce n’est pas digne d’un Premier ministre", me glissait lundi un socialiste de la Nupes.
En quatre jours, Jean-Luc Mélenchon a par exemple insulté à trois reprises la chaîne France 2. Il l’a notamment accusé dimanche soir de "servir le pouvoir", parce qu’elle annonçait durant la soirée électorale la Nupes et Ensemble étaient à égalité en voix... ce qui était donc le cas. Un lourd ressentiment qui ne l’a heureusement pas empêché d’accepter lundi soir l’invitation du journal de 20 heures… de France 2 !
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