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L’échec des négociations sur le dialogue social, un piège pour l’Elysée

Patronat et syndicats ne sont pas tombés d’accord jeudi pour moderniser le dialogue social. C’est un échec pour François Hollande qui en avait appeler lundi à l’unité nationale pour cet accord. Et c’est un échec pour le gouvernement qui va devoir mettre à exécution sa menace : en l’absence d’accord, il fera une loi. Mais faire une loi, c’est l’assurance de ne faire que des mécontents.
Article rédigé par Olivier Bost
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

C’est indéniablement une mauvaise nouvelle pour François Hollande. Adepte de la synthèse et du compromis, le chef de l’Etat avait depuis le début de son quinquennat obtenu des accords entre syndicats et patronats après des discussions directes entre eux. Il y avait eu sur ce principe un accord sur la formation professionnelle et un accord sur l’emploi. Mais là ça n’a pas marché.

Alors pourquoi je vous parle d’une mauvaise nouvelle pour François Hollande. Parce que le chef de l’Etat avait en quelque sorte mis tout son poids dans l’affaire. Lundi, François Hollande en appelait même à l’unité nationale pour que syndicats et patronats tombent d’accord. C’était lors de ses vœux au monde économique. Donc le premier fait politique de l’échec de jeudi, c’est que l’unité nationale ne s’applique pas à tout. C’est une forme de retour à la vie normale assez sévère pour l’Elysée. 

Le gouvernement va récupérer le dossier

L’échec de jeudi installe aussi un doute chez tous ceux qui sont concerné par le dossier : au gouvernement, au Parlement et même chez les partenaires sociaux. Il y a une interrogation. Ce qui s’est passé jeudi, cet échec des négociations, pourrait gripper sérieusement la façon de faire de François Hollande depuis qu’il a été élu. Pour être clair, il pourrait ne plus y avoir de discussion et d’accord d’ici 2017. Ce qu’a soulevé l’échec de ces négociations, c’est un manque de confiance entre les différents acteurs, de vrais ressentiments et, peut-être, les limites d’une façon de faire. Le gouvernement jusque là impulsait des réformes et laissait patronat et syndicats tomber d’accord. Ca ne marche plus. 

 

Ca s’annonce donc compliqué et délicat. Car c’est le gouvernement qui récupère désormais le dossier. Il doit mettre ses menaces à exécution : il n’y a pas d’accord, il va donc légiférer. C’est ce qu’il répète depuis des mois. Et c’est bien ce qu’a précisé le ministre du Travail, François Rebsamen. La semaine prochaine, il recevra tout le monde pour constater les désaccords. Et dans 3 semaines, c’est Matignon qui reprendra la main. Manuel Valls recevra à son tour les syndicats et le patronat.

L’assurance de ne faire quasiment que des mécontents

Mais là où ça s’annonce politiquement très compliqué, c’est que remplacer le résultat d’une négociation par une loi c’est l’assurance de ne faire quasiment que des mécontents et de transporter tous ces désaccords au Parlement avec un risque supplémentaire. Qu’à tout cela s’ajoute une dimension politique avec la droite et avec la gauche du PS. Surtout qu'il s’agit de sujets super sensibles et assez technique quand on parle de revoir tout ce qui permet dans les entreprises de défendre les salariés ou de dialogue entre patronats et syndicats dans les petites entreprises.

C’est donc une mission pas impossible mais très risquée pour le gouvernement. D’ailleurs pour l’instant personne ne veut donner de calendrier.Manuel Valls devra composer un équilibre impossible et semble décider à le faire. Sauf si l’Elysée d’ici là lui demande de ne pas tenter l’impossible. C’est peut-être ce soir le scénario encore le plus crédible.

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