Laurent Fabius, le bon élève
Pendant longtemps, après avoir quitté le
gouvernement, Laurent Fabius a paru s'ennuyer. De la présidence de l'Assemblée
à Berçy, aucun poste ne paraissait correspondre à son envergure. L'élection de
François Hollande, qu'il a presque connu en culottes courtes, lui donne
visiblement l'occasion d'exercer des responsabilités qui lui conviennent. Il se
montre le plus respectueux des ministres, appliqué à porter la parole de la
France à l'étranger, tout en défendant la ligne du président de la République. Laurent
Fabius l'assure, en Europe, des progrès ont été accomplis.
"*Il y a une série de petits
cailloux qu'il faut quand même voir depuis quelques mois, et qui étaient
inimaginables il y a quelques mois. D'abord, à la fin du mois de juin, ce qu'on
a appelé le plan de relance, le pacte pour la croissance. Jusqu'à présent, on
parlait uniquement sérieux budgétaire, c'est nécessaire la discipline
budgétaire, nous avons rajouté une deuxième jambe maintenant de soutien. C'est
positif. Deuxièmement, nous avons fait avancer l'idée de la taxe sur les
transactions financières, ça, c'est positif. Nous avons aussi, suscité, appuyé
cet élément très nouveau qui va être ce qu'on appelle l'union bancaire, c'est-à-dire
que la banque centrale européenne va s'occuper de superviser l'ensemble des
banques, ce qui va éviter toute une série de dérives, de déviations qui ont
mené à la crise. * "
Seulement ce pacte de stabilité, couplé au plan
de relance, va devoir être ratifié. Et les anciens du non de 2005 rechignent.
Laurent Fabius qui avait prôné le non, cautionne ce texte.
"*La personne qui vous parle
était le principal leader qui portait en 2005 le non. À l'époque, j'avais
expliqué un certain nombre de choses, qui se sont confirmées ensuite, et
j'avais dit, avec la majorité du peuple français qui avait voté en ce
sens : nous sommes pour l'Europe, mais pour une Europe réorientée. Cette
même personne vous dit que le traité permet d'aller dans la bonne direction. Je
ne dis pas que tout est admirable parce que si nous l'avions négocié j'espère
que nous aurions apporté quelques éléments supplémentaires, mais je dis que du
point de vue de la stabilisation de l'Europe, du point de vue de la défense de
notre souveraineté et du point de vue de la capacité de relance, non seulement
ce vote ne pose pas de problème, mais il me paraît nécessaire * ."
Et la rigueur budgétaire ? C'est se montrer
sérieux, une chose qui ne se fait pas à moitié, Laurent Fabius l'assume.
"*on n'est pas à moitié enceinte,
on n'est pas non plus à moitié sérieux. Nous avons décidé, et la France en a
besoin, d'être sérieux * ."
Sérieux, solidaire, bref bon élève, tel est le
Fabius du gouvernement Ayrault sous la présidence Hollande. Et si certains
critiquent le manque d'autorité du Premier ministre, Laurent Fabius les
rappelle à l'ordre.
"*En ce qui me concerne, j'ai une
excellente qualité de travail avec Jean-Marc Ayrault, je le vois travailler, je
le vois au conseil des ministres, et cette question n'existe pas * .
Certains de vos collègues font
quelques critiques. Ils feraient mieux de se taire. Et de travailler. "
Laurent Fabius ne s'ennuie plus, c'est un
ministre très appliqué.
"Question d'info" sur La Chaîne Parlementaire à 19h30 et 23h45.
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