Cet article date de plus de douze ans.

Jean-Marc Ayrault, la colère froide

L'info politique ce soir, c'est une nouvelle fois le "Ayrault bashing". Des critiques qui se répètent sur l'amateurisme du gouvernement Ayrault, et du Premier ministre lui-même.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (©)

"Jean-Marc Ayrault est en colère." dit Marie-Eve Malouines.

Une colère froide, sans éclat de voix. Juste cette  remontrance, d'une
voix égale, aux journalistes qui tendent leur micro ce matin : " vous
êtes encore en train d'inventer une nouvelle histoire
 ".

Deux titres ont relancé le feuilleton des déboires du Premier ministre. Hier, c'est le site d'un hebdomadaire qui l'assure, en citant un
conseiller : Jean-Marc Ayrault s'est fait rappeler à l'ordre par François
Hollande, pour avoir évoqué la censure de la loi Duflot sur le logement, avant
la décision du conseil Constitution.

"Impossible", rétorque Matignon, il n'y a aucun témoin à ce
tête à tête. Et ce n'est pas le genre du Président. Suite du feuilleton, ce matin. Selon la une d'un quotidien : le
rapport Gallois préconiserait la fin des 35 heures. Réactions, commentaires, la
planète politique s'affole, sans tenir compte du démenti de Louis Gallois. Et une nouvelle fois, le gouvernement est au centre des critiques, pour
sa méconnaissance des réalités.

 

Et tout cela énerve beaucoup Jean-Marc
Ayrault...

Comme d'autres responsables au pouvoir avant lui, Jean-Marc Ayrault s'interroge
sur cette dérive de la presse. Et Matignon se demande (pas du tout innocemment)
qui alimente ces informations.

Réponse : l'opposition. La droite, évidemment.

Jean-Marc Ayrault est d'autant plus en colère, que la méconnaissance
des réalités, elle se situe plutôt, selon lui, du coté de ceux qui nourrissent
cette politique politicienne. En écho à son ministre de l'économie, Pierre Moscovici qui insiste sur le travail "titanesque" que s'efforce d'accomplir le gouvernement, Jean-Marc Ayrault souligne la gravité de la situation de la France.

" nous avons été élus pour remettre le pays sur les rails  "
affirme souvent Jean-Marc Ayrault.

Cela sous entend que la France pourrait sortir des voies, dérailler en
un mot. Et cette réalité-là, Jean-Marc Ayrault semble penser que bien des
responsables politiques l'ignorent.

 

Mais il est quand même
impossible de nier les couacs internes au gouvernement, ou vis-à-vis des
députés.

 

Jean-Marc Ayrault ne nie pas ce type de divergences. Mais pour lui, elles font partie de la vie démocratique.

Il ne faut jamais oublier que Jean-Marc Ayrault, professeur d'allemand
dans le civil, est imprégné de cette culture nordique, (ou social-démocrate) où
le progrès s'opère par compromis, par des  divergences qui se discutent et s'estompent. Les dissensions internes à une majorité, ce n'est pas dans sa façon de
faire.

" il ne faut pas parler de dissension dans une démocratie, sinon,
les députés de la majorité sont des godillots
 " estime le Premier ministre.

Il faut donc s'attendre à de nouvelles escarmouches au sein de la majorité.

 

Mais ces escarmouches, elles
fragilisent le pouvoir quand même.

Sans doute. Et c'est bien le souci de Matignon, que cette chronique des
couacs affaiblisse l'action politique du gouvernement pour redresser le pays. Jean-Marc Ayrault, et d'autres au sein du pouvoir de gauche, s'en sont
convaincus durant la campagne présidentielle, depuis ce qu'ils estiment être la
" radicalisation de la droite ". En cas d'échec, l'alternative ne se
ferait pas " plus à gauche ", mais " bien plus à droite ". Les idées s'étant rapprochées, entre la droite et le FN, les tentations
seront fortes, que ce soit François Fillon ou Jean-François Copé qui l'emporte,
à la tête de l'UMP. Cette conviction pèse lourd sur les épaules de Jean-Marc Ayrault,

C'est pourquoi la petite chronique des couacs et des rumeurs le met en
colère. Une colère froide. Car son vrai motif d'exaspération serait de se
sentir impuissant à remettre le pays sur les rails.

 

 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.