François Hollande s'inscrit dans les pas de Pierre Mauroy
Un éloge funèbre n'est jamais neutre. L'orateur s'efforce de porter au plus haut ce qui fait, à
ses yeux, la grandeur du défunt. C'est un discours public, et intime à la fois. Dans le cas d'un hommage national dans la cour des
Invalides, la nation toute entière doit entendre ce message, mais il est aussi
le fruit d'un cheminement personnel, face à la dépouille de celui qui incarne
un modèle ou un idéal. Devant le cercueil de Pierre Mauroy, François Hollande parle
autant de lui-même que du "premier Premier ministre de l'alternance"
selon son expression à lui, François Hollande, le premier à avoir porté l'alternance
à l'Élysée après François Mitterrand.
Il se pose donc en héritier de Pierre Mauroy. Il utilise le
terme. Le dernier mot de son discours est : "fidélité".
Et pour François
Hollande, l'action politique de Pierre Mauroy s'inscrit dans un contexte qui
ressemble au sien.
Le contexte, oui. Parce que, selon François Hollande, c'est
le contexte qui inscrit Pierre Mauroy dans l'histoire, par les choix qu'il dut
assumer. Et c'est là que François Hollande, sous couvert de décrire
la force politique de Pierre Mauroy, dresse son autoportrait, c'est-à-dire la
façon dont il voudrait être perçu. Non pas comme un homme politique qui subit les événements,
un être indécis, ou un socialiste qui aurait oublié ses valeurs, mais comme un
responsable politique qui choisit,
assume et agit au lieu de parler. Bref, qui réforme :
"Réformer, c'était se défaire de l'illusion
des mots pour passer à la vérité des actes. Réformer, ce n'était pas céder à la
réalité, c'était la saisir à la gorge pour la transformer. Il lui fallut
assumer. Et Pierre MAUROY assuma. Oui, cela lui coûtait, mais il sut prendre
ces décisions parce qu'il les savait non pas
inévitables, mais nécessaires pour reconvertir, redresser et repartir."
Réformer, c'est donc assumer des décisions qui coutent et
qui sont mal comprises, ou jugées contradictoires, ce que dément François
Hollande.
"La vie de Pierre MAUROY est une belle
leçon politique pour l'ensemble des Français. Elle nous montre que l'on peut avoir le sens des
responsabilités et conserver son idéal. Que l'on peut servir l'intérêt supérieur de l'Etat et
garder ses valeurs. Que l'on peut concilier la justice sociale et l'ambition économique. Que l'on peut
faire de grandes réformes et faire preuve de réalisme. Que l'on
peut se révéler homme d'Etat et demeurer homme du peuple. Que l'on peut être patriote et
Européen. Que l'on peut exercer les plus hautes fonctions et rester un "militant ".
François Hollande parle de Pierre Mauroy et de lui-même
évidemment, qui se veut réformiste et réaliste comme l'ancien Premier ministre. Reviennent à l'esprit d'autres points communs, dont ce goût immodéré
pour la synthèse lors des congrès socialistes, et cette bonhomie apparente.
"Pierre Mauroy n'avait pas besoin d'être méchant pour être
craint " salue François Hollande.
Lui qui n'a pas la réputation d'être méchant,
mais qui ne précise pas s'il juge nécessaire d'être craint.
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