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François Hollande :"La conquête, c'est permanent"

Hasard du calendrier, l'anniversaire des deux premières années de François Hollande coincïde avec le retour de son ancien Premier ministre à l'Assemblée. Une page s'est bel et bien tournée, François Hollande lance la seconde phase de son quinquennat. 
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Il a d'abord laissé Manuel Valls s'installer. Le Premier ministre a affiché son style, plus affirmé que celui de son prédécesseur.

Tout aussi exposé à la critique que Jean-Marc Ayrault, finalement, Manuel Valls fait également face à une majorité plus étroite (les Verts ont quitté le gouvernement) et plus organisée aussi.

Les 41, autant que le nombre d'abstentions socialistes sur le plan d'économies de 50 milliards.

Les 41 frondeurs socialistes s'organisent

41 députés socialistes donc, voire plus, se réunissent désormais tous les mardis matin pour organiser la pression qu'ils entendent exercer sur le Premier ministre afin de l'encourager à tenir compte de leur volonté de justice sociale.

Maintenant que Manuel Valls sait à quoi s'attendre, François Hollande entre en scène. Le chef d'Etat veut asseoir sa prééminence élyséenne. Mais il ne change pas de ligne. François Hollande défend toujours la même politique.

De ce point de vue-là, rien ne change, c'est vrai. François Hollande revendique simplement une accélération, un approfondissement de ses choix, mais il ne varie pas. Ce qui évolue, c'est sa posture.

Le "je" de François Hollande

Lors de son interview, François Hollande a multiplié les "je", j'ai décidé, je pense...

Sur le pacte de responsabilité par exemple. Il revendique le fait d'avoir choisi lui-même ce mot, "responsabilité", pour contester implicitement la forte hausse du salaire du président du Medef Pierre Gattaz, alors que le même réclame la modération salariale.

Même s'il se réjouit de la popularité de Manuel Valls, c'est l'un des critères de nomination du Premier ministre, François Hollande tient à démontrer qu'il reste celui qui décide.

Une réforme territoriale accélérée

Autre exemple, avec le calendrier des élections régionales.

Lors de sa prise de fonction, quand il a demandé la confiance de la majorité, Manuel Valls avait exposé un calendrier, pour la réforme des collectivités. Il prévoyait de revoir le nombre de régions au plus tard en 2018, et de supprimer les départements d'ici 2021.

François Hollande décide de l'accélérer. Il va consulter, lui le Président, les chefs de partis en vue d'un nouveau découpage des régions. "Ce serait intelligent" dit-il d'organiser ces deux élections sur la base d'un nouveau découpage pour les régions, "les conseils généraux ont vécu" selon François Hollande.

2016 lui parait une date d'élection envisageable.

Ce qui signifie le report des élections régionales prévues en 2015 en 2016. Ce qui fait bondir l'opposition. Elle a beau jeu d'accuser les perdants de 2014 de vouloir prendre le temps de se refaire une santé électorale avant d'affronter les urnes.

Tout occupé à dessiner son nouveau style élyséen, François Hollande a un petit peu oublié les contingences politiques. Il lui faut compter avec la contestation d'une partie de la gauche, et l'opposition résolue de la droite. Il a beau dire qu'il est le président de tous, pour ses rivaux, François Hollande reste l'éventuel candidat de 2017.

Il a raison de le rappeler : "la conquête, c'est permanent". 

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