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François Hollande en "campagne d'explication", pas en meeting

François Hollande a fait un discours à Carcassonne mardi-soir. Un exercice banal pour un Président de la République sauf que celui-là avait des accents de meeting.
Article rédigé par Olivier Bost
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (Olivier Bost © RF)

Si vous en parlez au Président, il vous assurera qu’il ne s’agissait pas d’un meeting. Il n’est pas en campagne mais en "campagne d’explication". François Hollande veut expliquer tout ce qu’il a fait depuis 3 ans, depuis son arrivée à l’Elysée, et pour le faire rien de mieux qu’un long discours. Son entourage revendique cette stratégie, une stratégie mûrement réfléchie et au long cours. Le chef de l’Etat ne peut pas passer son temps à s’exprimer et à s’expliquer dans les médias, il le fait donc sur le terrain et les messages seront relayés. Hier-soir, il a d’ailleurs fait part de sa frustration : "Dans ma fonction, je ne peux pas participer au débat public autant que je le voudrais. Je me retiens."   Et il se retient notamment de distribuer des coups, de se mettre au niveau par exemple de Nicolas Sarkozy a qui il a dû penser très fort mardi soir quand il a dit : "Je crois aux arguments, pas aux affrontements, aux emportements, aux emballements, je laisse ça à d’autres. Et c’est pour ça que je m’exprime, pour expliquer, expliquer, expliquer encore."

 

Une multiplication de discours qui ressemblent à des meetings 

 

D’après l’Elysée, il y a une question de calendrier. Avant les élections départementales, François Hollande pouvait difficilement s’impliquer dans le débat, et ce sera la même chose à la rentrée avant le scrutin… des élections régionales. Il y a donc ce que les communicants appellent une "fenêtre". François Hollande est bien décidé à occuper l’espace, à ne pas laisser ce travail d’explication comme il l’appelle à son seul Premier ministre… par exemple. François Hollande est désormais complétement tourné vers 2017. 

Demain, mercredi, les militants socialistes vont voter pour déterminer quelle sera la ligne politique de leur parti avant de choisir qui sera leur chef. C’est un enjeu pour François Hollande car il faut pour lui que le parti socialiste n’entre pas dans une période d’instabilité. Il faut un parti en ordre de marche, cohérent, pour être parfaitement opérationnel et pas gênant pour 2017. François Hollande prépare l’élection présidentielle et il le confie, il veut  "mobiliser son propre camp". Il a même pour cela décrit hier-soir la future affiche avec les choix qui seront offerts aux électeurs avec une formule pour le Front National : "Il y a d’abord le risque de la destruction, de la fermeture au dehors, de la fracture au-dedans" . Une phrase pour Nicolas Sarkozy : "il y a toujours l’option de la répétition, au moins on sait ce que l’on a ou a eu avec moins d’attention à chacun et plus de tensions" . Et sa propre candidature : "il y a le chemin que je propose, c’est la réussite partagée, celle qui élève le pays sans abandonner les plus fragiles" . Imparable pour réveiller un sympathisant socialiste.

 

La réussite partagée

 

Le pari du quinquennat, c’est que les résultats arrivent. Qu’après l’effort arrive la redistribution.  François Hollande explique en petit comité qu’avec ces discours, ces explications, il prépare en quelque sorte à l’arrivée de ces résultats pour que, le jour où ils arriveront, ces résultats lui soient bien attribués. Et comme tout cela apparait donc d’une cohérence imparable, François Hollande explique même qu’il fait et qu’il déroule ce qu’il avait dit dès le premier jour. François Hollande va jusqu’à faire référence à sa campagne de 2012 : "D’abord le redressement, ensuite le redressement. Mon projet, ma feuille de route, figure en toute lettre dans le discours du Bourget".   Invoquer l’esprit du Bourget, ce discours considéré comme l’un des moments décisifs dans la victoire pour l’Elysée, n’est pas anodin. C’est une nouvelle confirmation de ce qui saute aux yeux et aux oreilles désormais : François Hollande est entré dans une nouvelle phase de son quinquennat, une phase entièrement tournée vers 2017, vers l’élection présidentielle.

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