François Fillon, la bourde exemplaire
C'était
sur le plateau de France 2 hier soir. L'ancien Premier ministre est interrogé
sur les révélations d'un ancien conseiller de Nicolas Sarkozy. Le président de
la République aurait demandé au patron de PSA de repousser l'annonce du plan
social chez PSA.
La
réponse de François Fillon fuse :
"Cc'est absolument faux ce que vous
dites, on a un président de la République qui ne veut pas laisser PSA s'engager
à... alors, après, on peut discuter de cette position, mais il ne demande pas qu'on
repousse l'annonce, il demande qu'on repousse le plan social. Ça revient pas du
tout au même."
Ce
n'est pas la même chose, mais ça y ressemble. Et François Fillon prononce bien
la phrase : "Le président de la République demande qu'on repousse le plan
social ".
LA
phrase qui sonne comme un aveu, la confession de ce que les socialistes
dénoncent : le pouvoir sarkozyste a repoussé les mauvaises nouvelles à
après l'élection présidentielle.
Pour
une gauche qui se fait traiter d'incompétente à longueur de journée, l'occasion est trop
belle pour ne pas dénoncer la bourde de celui qui, 5 années durant, a
diriger le gouvernement.
La
polémique s'impose tellement que même l'ancien ministre et ancien patron de l'UMP
Xavier Bertrand tombe dedans, en niant la version Fillon : il n'est pas
possible de retarder un plan social...
Une bourde à droite, des couacs à gauche, 1
partout la balle au centre, pourrait-on dire...
Ce
qui ressort de ce débat, ou plutôt cette polémique sous les feux des media, c'est
que les bourdes, tout le monde en commet.
Pourtant,
le propos de François Fillon ouvrait la voie à une autre controverse, plus politique,
dans le vrai sens du terme.
Car
tout en niant les arrière-pensées électorales de Nicolas Sarkozy, François
Fillon révélait une approche (discutable selon lui) de la gestion sarkozyste.
"C'est un choix politique, qu'on peut
discuter d'ailleurs. C'est ce qu'il a fait pendant 5 ans. Donc ça aurait été un
peu étrange que juste à la veille de l'élection présidentielle, le Président de
la République française qui avait tout fait pour empêcher des licenciements
dans l'industrie automobile dise à monsieur Varin : mais allez-y, je vous
en prie, c'est vraiment le moment de le faire."
François
Fillon lui-même semble douter du bien fondé de cette stratégie qui consistait à
repousser les plans sociaux.
Ce
que les socialistes relèvent petit à petit : Nicolas Sarkozy a préféré reporter les problèmes,
plutôt que les aborder de front.
Ils
bénéficient de l'avantage d'être (pour une fois!) en position d'attaque, puisqu'ils
sont tous réunis en Congrès pour 3 jours à Toulouse.
A
l'UMP, chacun semble rentré chez soi. Les communiqués ne pleuvent pas pour
prendre la défense de François Fillon.
Le
candidat à la présidence de l'UMP est obligé de réajuster lui-même son propos, en
prenant la défense de Nicolas Sarkozy : il n'a jamais "demandé qu'on
repousse le plan social, il tout fait pour l'évite r".
Au-delà
de cette polémique sémantique, le vrai débat mériterait de plus longues
argumentations que les accusations de cynisme ou d'amateurisme, face à une
industrie qui va mal, le pouvoir politique doit-il refuser tout plan social, au
risque de reculer pour mieux sauter? Doit-il au contraire se saisir du problème,
au risque de s'incliner, peu ou prou, devant une fatalité économique inéluctable?
Pour
l'heure, ni la droite, ni la gauche ne répond clairement à cette question.
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