Elisabeth Borne, Première ministre en sursis ?
Après l’échec de la majorité présidentielle aux législatives, Elisabeth Borne apparaît fragilisée. Peut-elle rester à Matignon ?
Dans la majorité, beaucoup en doutent. Officiellement, Elisabeth Borne travaille à constituer une "majorité d’action". Elle tente d’identifier des alliés, au centre gauche ou au centre droit, susceptibles de soutenir les textes de son gouvernement, au cas par cas. Et elle a déjeuné lundi à l’Elysée avec Emmanuel Macron, François Bayrou et Edouard Philippe pour passer en revue cette situation politique aussi inédite que compliquée.
Mais dans son dos, les grandes manoeuvres ont commencé. Les critiques avaient devancé le verdict des urnes ; depuis, elle redoublent : "Elle n’imprime pas dans l’opinion", "elle manque de leadership", voilà ce qu’on entend, et surtout elle aurait un profil "trop techno" à un moment où il va falloir faire beaucoup de politique avec des oppositions renforcées et radicalisées à l’Assemblée.
Emmanuel Macron reçoit mardi et mercredi les chefs de parti à l’Elysée
Tous les leaders des formations politiques qui ont "vocation à constituer un groupe à l’Assemblée" vont défiler dans son bureau. Au passage, le chef de l’Etat enfonce un coin au sein de la gauche puisqu’il devrait accueillir successivement les chefs des quatre partis LFI, PS, PCF et Verts qui constitueront des groupes différents, et non pas le seul Jean-Luc Mélenchon qui s’est mis à réclamer, en vain, un groupe unique pour la Nupes.
Mais surtout ces consultations qui visent, selon l’Elysée, à "bâtir des solutions au service des Français" risquent d’affaiblir un peu plus Elisabeth Borne. C’est bien la preuve que ce n’est pas à Matignon, mais à l’Elysée, que cela se passe. C'est logique puisque c’est Emmanuel Macron qui a été désavoué dans les urnes. Au sein du couple exécutif, le vrai perdant dimanche soir, c’est lui. Sur le plan politique comme sur le plan institutionnel, c’est donc au chef de l’Etat de trouver des solutions pour sortir la majorité de la mélasse dans laquelle il l’a plongée.
En quête de sens
Somme toute, le sort d’Elisabeth Borne est d’ailleurs assez secondaire. Changer de Premier ministre au bout d’un mois, ce serait un lourd aveu d’échec, surtout alors qu’Emmanuel Macron avait pris son temps pour nommer une femme, il y tenait… Mais le seul changement de locataire de Matignon ne suffira pas à surmonter la crise politique. C’est toute la composition, l’architecture de la majorité et du gouvernement, et au-delà, le cap et même le sens de ce second quinquennat qu’Emmanuel Macron doit enfin définir.
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